Des dispositions très dures ont été prises envers les travailleurs grévistes. Elles vont, selon les cas, du non-paiement des journées de débrayage au licenciement pur et simple. Finalement, Ahmed Ouyahia n'est pas près de se défaire de l'image qui a fait sa réputation : un “rouleau compresseur” dont la conception de la gestion ne s'accommode pas des états d'âme. Et beaucoup de syndicats auront à le vérifier dans les prochains mois. Depuis, hier, des dispositions sévères ont été prises pour “frapper” tout mouvement tenté de recourir à la grève illimitée. Le conseil de gouvernement, qui entendait une communication du ministre de la santé concernant le secteur où, faut-il sans doute le souligner, est secoué par une grève des praticiens de la santé, a d'ores et déjà décidé de mesures sévères à l'encontre des grévistes. Ainsi, M. Redjimi a été chargé de prendre les mesures suivantes : a- veiller au respect de la circulaire relative au non-paiement des journées de grève ; b- déposer plainte auprès des tribunaux contre les syndicats qui entravent le service public de la santé, notamment par le recours à la grève illimitée ; c- d'engager les procédures légales de licenciements des personnels en grève illimitée qui sont considérés en abandon de poste. Autrement dit, outre le non-paiement des journées de grève et le recours aux licenciements, des poursuites judiciaires seront engagées contre les contestataires. “Le gouvernement, attaché au dialogue social, ne saurait accepter de se laisser entraîner dans des revendications salariales populistes qui mettent en danger les finances publiques”, justifie le communiqué de l'exécutif. En guise d'arguments, le conseil du gouvernement a rappelé que l'ensemble des catégories des personnels médicaux et paramédicaux ont connu ces deux dernières années des augmentations appréciables de leurs revenus, salaire et indemnités compris. Comme pour signifier que la revendication actuelle des grévistes est irrecevable, le gouvernement soutient que “les salaires évolueront à l'avenir en Algérie comme partout ailleurs dans le monde, par référence à la croissance et à l'inflation”. Autre garantie à l'endroit des travailleurs invoquée en demi-mot par l'exécutif, la prise en charge des revendications dans le projet de loi relatif à la fonction publique. “Le gouvernement responsable du bon déroulement du service public est également attelé à la finalisation du statut général de la fonction publique avec la batterie de statuts particuliers qui en découleront”, note le communiqué. Cependant, cette batterie de mesures n'est pas circonscrite uniquement au secteur de la santé en proie à des perturbations depuis de nombreuses semaines, mais aussi touchera également, d'autres secteurs. “Le Conseil de gouvernement a également décidé que des dispositions similaires seront prises autant que de besoin face à tout mouvement de grève illimitée ainsi que face à toute entrave au service public sans respect des obligations légales de service minimum”, note encore le communiqué. Voilà qui met fin à l'un des derniers droits acquis par le soulèvement d'octobre 88. K. K.