Les dégâts de la désertification deviennent, de plus en plus, insupportables pour la population mondiale en général et les Africains en particulier. En l'espace d'une décennie, le continent noir a perdu 140 millions d'hectares envahis par le désert. Ce phénomène coûte également trop cher à l'Afrique, contrainte de débourser 9 milliards de dollars/an pour lutter contre ce phénomène. C'est ce qu'ont souligné les experts présents à l'ouverture de l'atelier sur la désertification en Afrique, dont les travaux se déroulent depuis avant-hier à Alger. Cet atelier, organisé par l'APN en coopération avec le Parlement panafricain (PAP), a vu la participation d'une vingtaine de pays africains, de députés européens et d'experts internationaux. Selon les participants à cette rencontre, le problème de la désertification sera plus fatal pour la planète et pour l'Afrique en particulier. « La désertification fait perdre 48 milliards de dollars à l'économie mondiale, dont 9 milliards à l'Afrique », a déclaré Abdesselam Chelghoum, secrétaire général du ministère de l'Agriculture et du Développement rural. Ce fait, selon lui, va appauvrir davantage l'Afrique et poussera 65 millions d'Africains à émigrer vers l'Occident à l'horizon 2025. Vers cette date, la facture alimentaire de l'Afrique sera également multipliée. « Si cette situation s'aggrave, l'Afrique aura besoin de 60 millions de tonnes de céréales en 2020 en déboursant 14 milliards de dollars, contre 43 millions de tonnes en 2006 (3,8 milliards de dollars) », a affirmé pour sa part Chara Bachir, président de la commission économique au PAP. L'échec du barrage vert en Algérie L'Algérie n'est pas épargnée par ce problème. Pour le représentant du ministère de l'Agriculture, 12 millions d'hectares du territoire national sont menacés par la désertification. « En Algérie, 4/5 du territoire sont désertiques et seulement 3% des terres sont cultivables », a-t-il enchaîné. La politique nationale en matière de lutte contre la désertification a montré ses limites. Selon Slimane Bedrani et Abdelaziz Mouhous, chercheurs au Cread, l'Algérie a mal utilisé les ressources budgétaires allouées au reboisement. Dans une communication présentée hier, les chercheurs ont mis en exergue l'échec du barrage vert. Ce projet auquel on a consacré une enveloppe budgétaire de 2,5 milliards de dinars n'a connu qu'un faible taux de réalisation, estimé par les chercheurs à 10%. Mais, ont-ils ajouté, les autorités n'ont pas tiré de leçons de cet échec en prévoyant un nouveau programme de reboisement s'étalant sur 20 ans (2000-2020). « Il est extrêmement coûteux de faire réussir des arbres forestiers sous une pluviométrie faible et très irrégulière », ont-ils noté. Le phénomène de la désertification est favorisé, selon les experts, par l'interaction de plusieurs facteurs, dont le changement climatique engendré par l'industrie et l'avancée du sable dans la région du Sahel. « Cette situation sera aggravée par l'avancée du Sahara vers la région du Tell », a précisé, de son côté, Cherif Rahmani, ministre de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire. Selon le ministre, 1 milliard de personnes dans le monde vivent actuellement dans des déserts. « Le chiffre va doubler en 2025 pour atteindre 2 milliards, dont 750 millions seront des Africains », a-t-il ajouté.