Qui investira et dans quel secteur ? Telle est la question de l'heure qui fait la une des discussions de l'opinion publique locale ces dernières semaines. Elle intervient au lendemain de l'approbation du Calpi de plusieurs dossiers d'investissement, de l'expulsion des commerçants des grandes surfaces et de la grande place du 19 Juin où tous activaient depuis le début des années 1990. Elle intervient également au moment où l'on parle, de plus en plus, de la cession de la majorité des entreprises publiques déclarées patrimoine de la wilaya. Une trentaine de sociétés à mettre, dit-on, sur le marché excitant de fait les convoitises du monde local, national et international de la finance, du commerce et de l'industrie. Du côté des services de la wilaya, l'on reste très silencieux sur ce dossier de « nouvelles privatisations ». Des économistes, en majorité des enseignants à l'université Badji Mokhtar, ont affirmé que telle que révélée, la procédure pourrait servir de repoussoir. « Cette procédure consisterait à proposer en catimini les grandes surfaces et les rares entreprises devenues patrimoine des domaines de la wilaya. C'est ce qui s'est passé pour la cession de l'unité Eban El Bouni. C'est un crime économique qu'un patrimoine immobilier de cette importance soit bradé. Il y a de nombreuses anomalies dans la gestion de ce dossier qui a permis à d'anciens travailleurs de se transformer en agents immobiliers avec la location des dépôts et terrains de la défunte Eban », a précisé Mohamed S., un de ses enseignants. Dans quelques semaines, devrait être entamée l'opération cession des grandes surfaces anciennement EDGA. Il s'agit des Monoprix, Galeries algériennes et Supermarchés. D'autres, comme les Galeries algériennes de la Plaine Ouest et Oued Forcha, actuellement gérées par des travailleurs dans le cadre de SARL, devraient faire l'objet d'une enquête approfondie. Des travailleurs, évincés de ces sociétés, dénoncent l'implication de hauts placés et d'hommes en noir dans la gestion de ces deux surfaces. D'autres sociétés, initialement propriétés de la Société de gestion des participations SGP Est/Sud Est, seraient également l'objet de l'intéressement des pouvoirs publics. C'est le cas des locaux de l'Edied à Bouzered Hocine et cité FLN, EPRMCO, Edimco, ETCA, Etica, Entreprise des transports routiers... Rappelons que le président-directeur général du directoire de cette SGP est actuellement sous le coup de poursuites judiciaires pour dilapidation de biens publics et autres délits économiques. Par ailleurs, nombreux sont ceux qui reconnaissent que c'est grâce à la privatisation que plusieurs grosses entreprises, comme les groupes Sider et Asmidal, ont retrouvé une bonne santé. En tous les cas, cette probable opération de cession de ce qui reste d'entreprises locales signifie un autre bouleversement du paysage économique. Il faut, en effet, voir que la wilaya va lâcher sur la mer fort agitée de la compétition locale, nationale et internationale, des entreprises dont le patrimoine immobilier (pour certaines, mobilier et immobilier) est implanté dans le périmètre de la commune chef-lieu de wilaya ou à proximité de grands axes routiers et infrastructures socio-économiques.