Le Théâtre national d'Alger a étrenné ses soirées musicales ramadhanesques, jeudi dernier, avec la diva de la chanson arabo-andalouse Zakia Kara Terki l Un sahra exclusivement dédiée à une musique traditionnelle et authentique. La démarche altière, le regard timide, son oud à la main, Zakia Kara Terki fait son entrée sur scène à 21h30 accompagnée de ses musiciens tous vêtus de tenues traditionnelles. D'une voix presque confuse, elle remercie chaleureusement son public d'être venu, tout en lui souhaitant un bon Ramadhan. Des youyous retentissent un peu partout dans la salle. Une assistance composée exclusivement de familles, s'étant déplacées pour s'enivrer de quelques morceaux musicaux, exhumés du terroir ancestral, et se remémorer des souvenirs phares de leur jeunesse. En guise de prélude, l'orchestre se lance dans une touchia El Ghrib. Zakia Kara Terki inaugure son répertoire en passant en revue quelques partitions de l'école musicale tlemcénienne Houfi ensuite celle de l'école d'Alger Aroubi. D'une voix douce, la chanteuse interprète entre autres Insiraf El ghrib, Koum yassir lana, La râchia, Bi Allah, Inkillab, Chams El Achia, El Kalass (koudoum habibi), Istikhbar, Rachid El Gâad, Ya maniya kalb mahel. Si les invités étaient réservés au départ, ils manifesteront un engouement certain vers la dernière demi-heure, en se déhanchant, en tapotant des mains... et en lançant des youyous stridents. En effet, l'ambiance ne pouvait être que festive dès l'intonation de Rachiyaton, Y a kalbi khali el hal, Ya Haninaya, Ya dhou lyani ou encore Sardani. Ces chansons ont éveillé des souvenirs nostalgiques et irrévocables à la fois. Les mélomanes étaient en admiration devant cette artiste au corps frêle mais à la voix angélique... et divine. Zakia Kara Terki est issue d'une famille de mélomanes de Tlemcen. Son père était luthier, son oncle chef d'orchestre, son frère joue du r'bab et sa sœur de la mandoline. Elle a été, pour ainsi dire, bercée dans les coulisses d'une société d'artistes. Elle s'imprégnera de Abdelkrim Dali, de cheikha Tetma, de Fadhéla Dziria et de Sadek Béjaoui. Ces grands maîtres lui ont inculqué l'amour de la musique arabo-andalouse. Au lycée Dr Benzedjeb, elle sera repérée par Hadj Benkalfat. En 1978, elle se marie à Alger. Elle rejoindra l'association Mosselia sous la direction d'Ahmed Serri et, par la suite, elle intégrera une autre école prestigieuse. En 1996, elle entame une carrière solo. Elle s'est produite un peu partout dans le monde, notamment à New York. La chanteuse a pour habitude de réaliser avec une fréquence régulière une nouba. Elle veut, dit-elle, « perpétuer le patrimoine traditionnel en conservant sur CD des noubas, et ce, à travers une touche personnelle ». Il est à noter que l'artiste Zakia Kara Terki se produira le 5 novembre à la salle El Mougar à partir de 21h. L'invitation est lancée à ceux qui l'ont ratée jeudi dernier. Elle vient de sortir aussi un nouvel album, une touchia Zidane.