La cantatrice tlemcienne a subjugué le public tunisien lors d'un concert de Musiques traditionnelles d'Algérie... «Une voix belle et charmante, des rythmes classiques et nostalgiques qui font voyager jusque dans le passé lointain des genres musicaux du pays du million de martyrs : telle était l'ambiance samedi dernier au palais Ennejma Ezzahra». Ceci n'est qu'un extrait de l'article publié récemment dans le journal tunisien Le Quotidien qui nous renseigne du succès de la chanteuse de musique andalouse, Zakia Kara Terki, qui s'est distinguée lors d'un concert animé dans le cadre du festival Chants rituels et sacrés en Méditerranée. Organisée par le ministère de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine, le Centre des musiques arabes et méditerranéennes, ce festival, qui a acquiert une solide réputation depuis quelques années, a eu lieu du 16 au 19 décembre dernier. Figuraient au programme, outre la participation remarquée de la perle algérienne, du takht musical tunisien et un duo andalou initié en partenariat avec Ecume, une association d'échanges culturels en Méditerranée installée à Marseille et ce, avec le soutien de la délégation de la Commission européenne en Tunisie. Un récital de piano interprété par Mehdi Trabelsi a décliné trois sonates de Beethoven, tandis que Mohamed Mejri a fait montre de sa virtuosité lors d'un récital consacré au oud. La dernière soirée fut dédiée au parfum de Russie avec un trio au piano, chant et kamendja. Le concert de Zakia Kara Terki a été salué par la presse soulignant «la particularité et la beauté de la voix de l'artiste qui ont plongé l'assistance dans un calme nostalgique». Entouré de sept musiciens, la magicienne de la musique traditionnelle algérienne a donné à entendre et à apprécier huit chansons tirées de la Nouba Ghrib, puis du Hawzi et du Aroubi en seconde partie du récital, «avant de chanter un morceau intitulé Chouhana tiré du patrimoine musical tunisien lequel a été fortement acclamé par le public mélomane venu nombreux». Une surprise que la chanteuse a tenu à offrir au public tunisien tout en remerciant vivement M.Mounir, le conservateur du musée. M.Abdelaziz Maoui, ambassadeur algérien à Tunis, n'a pas manqué d'adresser à cette dernière, une lettre de félicitations la remerciant «d'avoir donné une si belle image de notre pays». Ancienne élève de maître Mustapha Belkhodja, lui-même héritier des ténors tlemcéniens bien connus, auprès duquel elle s'initia, entre 1970 et 1978, aux rudiments de la musique traditionnelle (genre gharnati), Zakia Hassaïne épouse Kara Terki (native de Tlemcen en 1961) n'eut aucune peine à assimiler le style algérois (Çan'aâ) au sein des grandes associations algéroises où elle se distingue par le timbre particulier de sa voix et sa maîtrise des instruments de musique traditionnelle, notamment le oud, la kouitra et le rbab. C'est ainsi qu'elle évolue au sein des ensembles de musique arabo-andalouse les plus prestigieux d'Alger, tels que El-Djazaïria El-Mawçilia (1979-1981), puis au sein de la Fakhardjia (1981-1986) et enfin au sein d'Es-Soundoussia (1986-1993). En 1993, elle réintègre de nouveau El-Djazaïria El-Mawçilia. Dans toutes ces formations et au cours des différentes représentations musicales, Zakia a eu de nombreuses occasions pour s'affirmer en tant qu'interprète soliste. L'année 1996 constitue un vrai tournant pour l'artiste tlemcénienne. Elle décide de constituer son propre orchestre et sortira sa première cassette de musique classique algérienne. Zakia Kara Terki a participé à de nombreux concerts en Algérie et à l'étranger, notamment en Syrie, Tunisie, Espagne et en France. Côté discographie, elle possède deux CD de hawzi et deux autres de musique classique algérienne : la Nouba Rasd et la Nouba Ghrib, sortis tout récemment. Zakia Kara Terki est incontestablement une valeur sûre dans le paysage musical traditionnel en Algérie. Une musique qui a prouvé son universalité et a démontré qu'il n'y a pas que le raï qui s'exporte. L'Algérie possède en effet, une richesse incroyable en musique qui mérite d'être connue par nos voisins, si ce n'est par le monde entier.