Les deux années restant du mandat de Bouteflika devront être mises à profit par le sérail pour préparer la présidentielle du 8 avril 2009. La question de la succession ne se poserait pas si le président de la République affichait sa volonté de se représenter. Quitte à ce que la Constitution en vigueur soit remaniée, il sera assuré d'un troisième quinquennat par le même système qui lui a préparé et assuré son arrivée au pouvoir en 1999. En revanche, si Bouteflika ne veut pas, ou ne peut être reconduit, notamment pour des raisons de santé, alors la succession serait à l'ordre du jour. On peut penser à ce dernier scénario — en cours — dans la décision de Belkhadem, Ouyahia et Bouguerra Soltani de ne pas briguer des postes de députés le 17 mai 2007 : ils ont été mis en « réserve » pour le scrutin de 2009. Les trois hommes les plus en vue du système sont d'une remarquable fidélité au chef de l'Etat qui, pour assurer la continuité « d'un héritage politique », pourrait bien choisir un des trois, quitte à les mettre ensemble en concurrence. A charge pour lui lors du scrutin du 8 avril 2009 de garantir le succès au favori. C'est, d'ailleurs, un mécanisme de même type qui lui a permis d'arriver au pouvoir. Pour que tout fonctionne sans heurts, l'Assemblée nationale devra être acquise. Le forcing actuel des partis de l'alliance, ceux précisément présidés par Belkhadem, Ouyahia et Bouguerra Soltani, indique bien que l'on s'achemine vers un Parlement dominé par eux. Et s'ils ne l'emportent pas sur le terrain, le système des quotas sera là pour leur assurer la primauté. La machine pour la présidentielle de 2009 tourne bien en apparence. La contestation par l'opposition politique a perdu de son ampleur et un autre scénario Benflis est improbable, voire impossible. La grogne sociale est contenue par le biais de l'argent du pétrole, arme suprême de Bouteflika qu'il a déversée dans de grands chantiers d'infrastructures et d'équipement, les plus importants devant être achevés avant la date du... 8 avril 2009. Pour l'heure, le chef de l'Etat se rend régulièrement à l'étranger pour son suivi médical et c'est le rituel de la lecture des messages protocolaires de la présidence de la République qui fait passer inaperçues ses absences du territoire national. Ce rituel semble être efficace puisque les absences quelquefois assez longues sont peu commentées. C'est comme s'il s'était installé dans le pays un nouvel état d'esprit sur le rôle et l'importance de Bouteflika : autant par le passé ses moindres gestes et paroles étaient épiés, autant aujourd'hui on arrive presque à s'en passer. Mais au plan du rapport de forces, rien n'a changé, le président de la République garde la haute main sur tout. Seule son implication directe paraît avoir diminué assez sensiblement. Au profit de qui ? De son staff et de son entourage à la présidence de la République essentiellement, le chef du gouvernement étant réduit à gérer les affaires gouvernementales les plus courantes. Belkhadem ne s'implique presque pas dans les dossiers les plus sensibles et occupe peu l'espace institutionnel. Il n'est pas exclu qu'après les législatives, il rejoigne Ouyahia dans l'espace partisan. Cap sur le 8 avril 2009.