L'unité de Tizi Ouzou de l'Algérienne des eaux fait face à une série de contraintes qui risquent de perturber le cycle d'alimentation en eau potable, notamment avec l'approche de la saison estivale. L'extraction clandestine de sable est le premier facteur menaçant les sites de production. Dans un bilan arrêté à la fin mars dernier, l'ADE de Tizi Ouzou signale que « l'extraction clandestine de sable à proximité des ouvrages de production réduit sensiblement leur durée de vie et d'exploitation », avant de préciser que 101 forages sur 171 sont touchés par le phénomène, soit un taux de 59% du parc global. 38 de ces forages sont colmatés. En matière de protection contre les facteurs extérieurs, la direction de l'hydraulique de la wilaya est appelée à réhabiliter pas moins de 200 réservoirs et 21 stations de reprise dont les clôtures et les trappes sont détériorées. Les réseaux d'adduction et de distribution, dont la majorité date des années 1970, eux, sont atteints de vétusté. En revanche, l'ADE enregistre une moyenne de 900 fuites mensuellement, dont 80% sur des réseaux de distribution. Le même bilan souligne aussi qu'« en zones rurales, les réseaux destinés initialement pour alimenter les populations en bornes-fontaines (donc sous dimensionnés) sont, à présent, transformés par les populations villageoises en réseaux de distribution ». Les risques de pollution ne sont pas à écarter avec « l'enchevêtrement des canalisations d'AEP et d'assainissement sur l'ensemble des réseaux de distribution », est-il mentionné. Les vols, selon l'Algérienne des eaux, concernent, d'une part, les équipements de production se trouvant dans des sites éloignés et, d'autre part, les branchements illicites. Pour ce dernier point, l'entreprise fait état de 793 branchements illicites qui ont été détectés en 2006, représentant un volume global de 70 000 m3. Au niveau de la justice, l'ADE enregistre 1 019 plaintes en rapport avec les piquages illicites dont le préjudice s'élève à 17,5 millions de dinars. Sur le plan financier, le recouvrement des créances devient problématique pour l'ADE qui souligne que 83 villages refusent le paiement des factures dont le montant s'élève à 86 millions de dinars. Ce refus est dû à plusieurs motifs, notamment la contestation de la taxe d'assainissement. Les créances détenues sur les administrations dépassent les 193 millions de dinars. Le recouvrement de ces factures est compromis du fait de l'insuffisance du budget de ces débiteurs. Dans certaines communes, les réseaux d'AEP échappent au contrôle de l'ADE. Les ménages qui ne sont pas facturés, donc habitués à la consommation gratuite, refusent catégoriquement la pose de compteurs. Toutes ces contraintes fragilisent davantage la santé financière de cet organisme public, dont 72% du chiffre d'affaires de l'année 2006 (unité de Tizi Ouzou) est consacré pour l'énergie électrique. L'ADE, à son tour, est redevable de plus de 10 milliards de centimes à Sonelgaz.