Mawid maa el kader. Voici un feuilleton qui a dû ravir tous les branchés de la chaîne locale durant les soirées ramadhanesques. Dès les premières images, les branchés de l'Unique, ont dû sans doute trouver que ce feuilleton a quelque chose que les autres œuvres n'ont pas : une atmosphère. C'est là où résident tous les secrets de la technique dont la maitrise apparaît dès les premières séquences. Disons que Mawid maa el kader, le film qui est loin d'être une histoire à l'eau de rose, est relativement bien fait. Ça confère d'ailleurs une crédibilité à ce récit qui n'est pas tout rose. Si vous êtes attentifs, vous saurez tout de suite que ce drame social est signé Djaffar Kacem, un jeune cinéaste qui s'est déjà fait un nom avec Nass M'lah City plusieurs fois primé lors des soirées Fennecs. Vendons la mèche tout de suite : vous êtes d'accord du fait que l'image et les prises de vue du film soient nickel ! Eh bien c'est vrai que le réalisateur a du talent et des exigences, mais son matériel est super sophistiqué, ses bureaux sont même nichés dans un quartier parisien, et ses assistants sont des professionnels français. Dans Mawiid maa Kader, Djaffer Kacem nous plonge dans ces atmosphères polars, ou tout est imbriqué alors que les dénouements prennent parfois des allures de véritables rebondissements. Truffé de suspens parfois trop forcé, ce film n'est pas et ne peut pas être mis dans le moule des feuilletons sociaux qu'on a l'habitude de voir pendant les soirées du mois sacré. Diffusé bien sûr à une heure de grande écoute, (19h45), ce feuilleton de vingt épisodes parle de ce qui touche surtout les femmes, celles qui, souvent, sont collées au petit écran, leur unique ouverture sur le monde. Il est question dans mawiid wa kader, de suivre les mésaventure du docteur Malek, (Athmane Ben Daoud) un veuf quinquagénaire, beau gosse, belle situation qui décide de venger la mort de sa femme kidnappée par des malfrats. Obsédé par la disparition de son épouse, Malek décide de se faire justice en enquêtant sur les circonstances de la mort de son épouse. Il découvrira que dans le taxi qui était détourné par les malfrats, son épouse n'était pas seule. Une certaine Hanane, (Malika Belbay) a assisté au drame et se retrouve pour cinq années … dans un coma profond. C'est lui, Malek qui sera son sauveur et c'est elle qui éclairera sa lanterne concernant ce décès tragique. Ironie du sort, Hanane qui se réveille du coma raconte à sa cousine qui l'assiste depuis son admission que Malek a une fille. Celle-ci serait née quelques minutes avant l'accident. L'information va briser la cousine de Hanane qui doit convoler en justes noces avec Malek. Elle fera tout pour éloigner Malek de Hanane et accusera à tort Hanane d'avoir perdu la raison. Elle l'internera chez elle, lui prodiguant des barbituriques. Elle sera démasquée, mais Hanane sera tout de même internée dans un hôpital psychiatrique par la bonne volonté d'un autre toubib qui s'est épris d'elle. En parallèle Malek enquête aux côtés de l'inspecteur Allal (Sid Ahmed Agoumi) devenu son pote sur l'affaire de ce meurtre.Il est étonnant de découvrir par moment que Malek, cet acteur dont le jeu est parfois indigeste endosse le costume de flic alors qu'il est toubib. Peu crédible tout ce rebondissement qui va au départ en défaveur de la victime et puis par un tour de passe passe, tout fini bien. C'est ainsi qu'au moment même où Hanane devait subir une opération hyper dangereuse et interdite, la lobotomie, Malek et Allal la sauvent in extremis. Au moment où le rejeton de Malek est attaqué avec Hanane par le meurtrier de sa femme, son complice sauve le couple. Tout le film est truffé de rebondissements qui au bout du compte se dénouent en happy end. Quoique le scénario soit au-dessous de la moyenne, ce feuilleton, qui captive par un certain supsense alimenté par des rebondissements, aurait pu gagner en crédibilité si les comédiens étaient plus à l'aise. Le personnage principal par exemple, et même Omar (Bennani) sortent leur discours dans une totale hésitation. On croirait même que ces comédiens bégayent tant leurs discours sont " lourdement crachés". Dans ce drame qui se joue comme dans un polar, certaines situations sont d'un surréalisme déconcertant : le foulard que la petite garde pendant six ans et qui sert d'emblème affectif, le rapport de Malek à son travail, les situations hospitalières, les rapports entre famille, enfants…. Tout çà a manqué de mijoter dans la tête de Djaffar Kacem et de son scénariste. Que le réalisateur qui signe ici son premier feuilleton donne plus d'étoffe à ses comédiens et à ses textes !