Qu'il parle ou qu'il chante, il séduit. Sa voix chaude et grave ne s'accommode que d'un seul instrument : le luth. D'ailleurs, il le déclare sans ambages : Le luth et lui ne font qu'un. C'est un mariage idéal entre les cordes (en nylon, s'il vous plaît pour éviter toute agressivité) et l'organe de la voix. Et cette idylle dure depuis vingt-six ans et se poursuit avec la même fougue et la même passion à la grande satisfaction de ses fans. Alors le luth ? C'est comme un bébé. Sa place est dans le lit. II est délicat et de ce fait, il a besoin d'être aimé et cajolé. La preuve que Farid Ferragui (mais oui, c'est de lui qu'il s'agit) en prend le plus grand soin. Il nous confiait, ce week-end où il donnait deux galas (plus de 2 heures) le mercredi et le jeudi à la salle Errich, qu'il avait un luth en France et un autre en Algérie. C'est parce qu'il met de l'amour dans tout ce qu'il fait que Farid Ferragui, qui se produit dans les salles de spectacles les plus huppées de France par exemple à Reuilly Paris, (12e) ou d'Algérie (Tizi Ouzou, Béjaïa…), touche un public de plus en plus large. En plus clair et plus simple, ainsi qu'il l'avoue lui-même : « Je parle au cœur et à l'esprit. » Quand le langage est celui de tous et qu'il est spontané, quand l'art consiste à être soi-même et à le rester, cela réussit à tous les coups. Voilà pourquoi les chansons de l'autre grand chantre kabyle, qui déplore le manque de communication qui constitue le principal obstacle entre les hommes, invitent plus à la méditation, au recueillement, qu'à se trémousser comme le font les airs légers. L'artiste, qui comme Socrate se réclame de l'universalité du monde en rêvant de voir tomber toutes les barrières entre les peuples, dit aimer la vie. De ce point de vue, toutes ses paroles mises en musique sont autant d'odes dédiées à la vie et à l'amour. Farid, qui n'exclut pas la possibilité de chanter un jour en arabe et en français, ne comprend pas qu'on ne fasse pas assez la promotion d'autres langues qui font la richesse du patrimoine culturel afin d'accélérer le processus de rapprochement entre les hommes. L'artiste que sa tournée portera de Bouira vers Oran puis Alger compte ainsi faire la promotion de son dernier album sorti en 2007. En apprenant qu'il avait autant de monde dehors qui ne pourrait entrer que dans la salle, Farid a été sincèrement désolé. Mais l'organisation de la tournée ne dépendait pas de lui, mais de cette boîte privée baptisée Mas production.