Le mal qui ronge le secteur de la santé à Béjaïa se vérifie souvent dans les mauvaises conditions d'accueil et de prise en charge des malades. Alors que la revendication d'humanisation du secteur demeure d'actualité, le personnel paramédical, à qui échoit en premier lieu justement le rôle de redorer le blason du secteur, se plaint, lui aussi, des mauvaises conditions de travail. C'est ce que sont venus exprimer les paramédicaux du secteur sanitaire de Béjaïa dans une déclaration signée par leur syndicat national (SAP) qui a, à l'issue d'une récente réunion, dressé un constat négatif sur leur « situation socioprofessionnelle et la mauvaise prise en charge des malades (…) en l'absence de volonté des responsables de ce secteur pour le règlement de leurs problèmes ». La somme de problèmes que l'on met en évidence est inaugurée par la sanction du surveillant médical du service d'hémodialyse de l'hôpital Frantz Fanon qui a été « rétrogradé » par l'administration après l'affaire de « vol de kits » pour laquelle la justice a été saisie. Le SAP se solidarise avec le surveillant général et considère sa sanction administrative « arbitraire » et demande « sa réintégration immédiate dans son poste d'origine ». Il demeure que l'essentiel des préoccupations des paramédicaux est traduit dans une déclaration de revendications qui a déjà fait l'objet d'une réunion de travail avec la direction du secteur sanitaire en janvier dernier avant qu'une autre rencontre similaire ne soit organisée en présence du directeur de la santé et les responsables des secteurs sanitaires de la wilaya. Comme le soulignent les PV de ces réunions, des engagements ont été pris. Beaucoup n'ont pas été suivis d'effets selon M. Yousfi Slimane, secrétaire général du conseil syndical. Aujourd'hui, le syndicat remonte au créneau pour se plaindre de « la non-application des 14 points de la plate-forme de revendications ». Le déficit en effectifs est aggravé par « les postes restés vacants, pour cause de décès ou des départs de personnel pour diverses raisons, non pourvus », indique M. Yousfi qui explique que l'effectif du secteur sanitaire de Béjaïa est à son « minimum ». Les chiffres de la DSP donne une moyenne d'un paramédical, dans le secteur public, pour 524 habitants. Au secteur sanitaire du chef-lieu de wilaya, on se montre débordé par la charge de travail et on trouve là une source de stress qui serait derrière le mauvais accueil des malades. « Ils sont 4 à 5 infirmiers seulement au service des urgences, pas plus de trois au service réanimation,…. ». Dans cette situation de sous-effectif que tente d'illustrer notre interlocuteur, les gardes « obligatoires » se font pesantes aux yeux des paramédicaux, dont beaucoup viennent de la côte Est de la wilaya, amenés à sacrifier leurs journées de repos pour venir combler ainsi un vide pour « 400 DA la garde qui ne couvrent même pas les frais de la journée ». Encore faut-il que cet effectif « limité » soit « grignoté » par les sorties d'infirmiers tenus d'accompagner, à l'extérieur de l'établissement hospitalier, des malades hospitalisés pour des scanners, IRM, échocardiographies, fibroscopies, échographies, et aussi pour des évacuations hors wilaya. « On nous a pourtant annoncé 30 à 50 nouveaux postes et on a cru pouvoir enfin souffler », se désole le secrétaire général du SAP Béjaïa qui souligne que l'engagement, il y a plus d'une année, de l'administration de mettre sur pied une équipe de brancardiers à même de permettre aux paramédicaux en place de se concentrer sur leur travail « est resté sans suite ».