Le cheikh Abderrahmane Al Thaâlibi, ce théologien hors pair natif des Issers, a été rappelé au souvenir des siens, dimanche dernier, lors d'une journée d'études sur sa vie et son œuvre qu'a abritée la zaouïa qui porte son nom, érigée en plein centre de sa ville natale, plus de 5 siècles après sa disparition, à l'initiative de la direction de la culture de la wilaya de Boumerdès. La rencontre, à laquelle ont assisté de hauts responsables dont le ministre de la Communication, El Hachemi Djiar, le wali de Boumerdès, et d'autres responsables locaux ainsi que des hommes de religion, a vu la participation de plus de 500 disciples de la tariqa Kadiria, venus de différentes régions du pays. La manifestation s'est voulue un hommage fort au cheikh Abderrahmane Ben Mohamed Ben Makhlouf Al Thaâlibi, dit Abi Zaïd Soufi, né en 1384. Dans son allocution d'ouverture des travaux, le président de la zaouia, Mohamed Nour, a rappelé brièvement l'itinéraire du grand cheikh avant de revenir au travail de son institution soufie, ouverte en 2000 et spécialisée dans l'apprentissage du Coran et du hadith. « Depuis 2001, la zaouia a formé des dizaines de fidèles qui enseignent, à leur tour, les préceptes d'Al Thaâlibi, l'un des fondateurs de la tariqa Kadiria, ou sont carrément imams ou bien, ils remplacent les imams dans les mosquées pendant leur absence », a-t-il dit. M. Nour n'a pas omis de dénoncer les derniers attentats qui ont secoué Alger et endeuillé des dizaines de familles en soutenant que « la violence est bannie de fait dans notre respectable religion ». Sous le thème générique « Réflexion, Soufisme et Impact », les travaux de la rencontre ont consisté en une série de conférences dédiées à l'apport du penseur Al Thaâlibi à la réflexion religieuse musulmane depuis le début du XVe siècle. La séance matinale a été réservée à trois conférences : « L'histoire et l'esprit du soufisme chez Abderrahmane Al Thaâlibi » par le professeur Abderrahmane Al Djilali, « Les interprètes algériens du Coran et du hadith », animée par Mohamed Mokhtar Alskander et une lecture du Kitab al Anouar fi Ayat al Nabi al Mokhtar (d'Al Thaâlibi) donnée par le Dr Mohamed Cherif Kahar. Dans l'après-midi, c'est le Dr Ammar Talbi qui a animé une conférence sur la lecture d'une autre œuvre d'Al Thaâlibi. Tous les intervenants se sont accordé à voir dans ce grand penseur « un homme d'un immense savoir ». Il ressort des interventions précitées que le cheikh a commencé ses études aux Issers avant de se rendre à Béjaïa, très jeune, pour y poursuivre sa quête du savoir. Béjaïa, qui était au début du quinzième siècle un centre religieux et un lieu de rayonnement du soufisme, ont-ils fait savoir. De là, l'enfant prodige des Issers s'est rendu à Tunis avant de rallier l'Egypte dans sa recherche effrénée du savoir. Il est même allé en Turquie et en Syrie et accompli son pèlerinage aux lieux saints de l'Islam, soutiennent les conférenciers. Fort du savoir acquis dans les plus importants établissements de son époque, le cheikh sera reconnu pour être l'un des plus grands spécialistes du hadith, et qu'il a versé dans l'enseignement et la transmission de son savoir. Les conférenciers ont révélé qu'Al Thaâlibi a écrit plus de 90 ouvrages. Sidi Abedrrahmane Al Thaâlibi est décédé en 1470 à Alger où il a choisi de s'établir au retour de ses voyages en Orient. La manifestation de dimanche dernier a été clôturée par la remise des prix aux conférenciers ainsi qu'aux talebs de la zaouia qui se sont distingués dans l'apprentissage du Coran.