C'est le sprint final. A J-5 du premier tour de l'élection présidentielle en France, prévu pour dimanche prochain, les 12 concurrents à l'Elysée mettent les bouchées doubles pour tenter de gagner des points leur permettant de passer cet écueil et se placer à nouveau sur les starting-blocks pour le deuxième tour, devant avoir lieu le 6 mai. Les candidats n'ont plus que trois jours supplémentaires avant la clôture de la campagne électorale, pour aller à la rencontre des électeurs et les convaincre à voter pour eux. Rien n'est encore joué et aucun postulant n'est déclaré vaincu. Ceci même si les deux favoris de ce scrutin, en l'occurrence Nicolas Sarkozy et la candidate du Parti socialiste (PS), Ségolène Royal, caracolent toujours en tête des sondages. L'heure est donc à la mobilisation générale. C'est la course contre la montre et le périple électoral est époustouflant. Les postulants à la magistrature suprême continuent de sillonner villes et quartiers en vue de persuader les 44,5 millions d'électeurs de l'importance et de la faisabilité de leurs programmes respectifs. L'enjeu pour ces derniers jours de campagne est de tenter de convaincre les dix-huit millions d'indécis. Ces voix ont, en effet, leur pesant d'or dans le décompte final et peuvent renverser les données, si l'on sait que l'écart entre les quatre premiers des sondages, Sarkozy, Royal, Bayrou et Le Pen, est insignifiant. A cet élément, s'ajoute l'imprécision du choix fait par de nombreux électeurs potentiels qui n'écartent pas l'éventualité de changer d'avis d'ici à dimanche prochain. Selon les statistiques rendues publiques hier par l'institut CSA-Cisco pour Le Parisien, 17% des électeurs interrogés ont affirmé qu'il est possible de changer d'avis avant le jour J. La fluctuation des intentions de vote fait peur aux candidats et aux Français. Aucun candidat n'est sûr de terminer la course en tête. Ayant été seul en tête des sondages, depuis le début de la campagne, Sarkozy a été rattrapé pour la deuxième fois par Ségolène Royal. Selon toujours l'enquête du CSA, les deux rivaux sont à égalité avec 50% d'intention de vote pour le deuxième tour. Reste maintenant à savoir s'ils passeront le cap du premier tour. Postés juste derrière, François Bayrou et Jean-Marie Le Pen croient toujours en leurs chances et se disent confiants d'accéder au second tour. Le balancement des sondages fait déjà trembler la majorité des Français qui redoutent l'élimination de la gauche au premier tour et la qualification du chef de file de l'extrême droite, Jean-Marie Le Pen, au deuxième tour. Ils craignent la reproduction du scénario de l'élection présidentielle de 2002, où Le Pen est passé devant le candidat socialiste, Lionel Jospin, et s'est retrouvé face à face avec Jacques Chirac au deuxième tour. Selon le baromètre populaire LH2 pour Libération, 61% des Français qualifient de « catastrophe » une éventuelle élimination de Ségolène Royal au premier tour du scrutin. En revanche, 78% des sondés considèrent la présence de Jean-Marie Le Pen au deuxième tour comme « une mauvaise chose pour l'image de la France » et « un événement grave » pour la démocratie.