On attendait du président de la République, à l'occasion de ses deux dernières « sorties », des paroles rassurantes, revigorantes, surtout après les attentats spectaculaires qui ont frappé la capitale. La déception a été plus grande que l'attente d'une intervention présidentielle. En effet, aussi bien au chevet des victimes des voitures piégées du 11 avril, qu'à Constantine, le chef de l'Etat n'aura malheureusement pas répondu aux attentes des citoyens. Samedi dernier, à l'hôpital Mustapha d'Alger, Abdelaziz Bouteflika s'est limité à des lieux communs, du genre « le peuple doit bouger », sans plus. Il a été aussi peu loquace à Constantine, se contentant de constater au passage qu'il y a eu un relâchement des services de sécurité. Trop peu, diront certains. Toujours est-il que ces propos sibyllins prononcés en des circonstances différentes n'éclairent pas du tout les Algériens sur les derniers événements qui se sont déroulés dans la capitale. Le doute persiste quand un ancien chef du gouvernement parle de complot étranger en pointant du doigt Al Qaïda. Trop simple, diront d'autres. La confusion grandit encore plus au vu de la « promptitude » avec laquelle certaines associations de la société civile peu crédibles ont réagi, habituées à être « actionnées » pour appuyer le pouvoir dans sa démarche. Et surtout, à l'aider à faire passer la pilule chez un peuple auquel on reproche aujourd'hui l'absence de réaction. Est-il juste de reprocher aux citoyens de ne pas réagir, de leur demander de rejeter le terrorisme, alors que depuis trois ans le pouvoir essaie de les convaincre que la réconciliation nationale se fera tôt ou tard avec l'élargissement de tous les terroristes et en leur accordant le pardon de la société ? Faut-il alors s'étonner, dans de telles circonstances aussi floues, générées par une démarche contradictoire du pouvoir face à l'intégrisme, du relâchement des services de sécurité chargés de la lutte contre le terrorisme ? Certes non, même si le plus dur est passé. Il n'en demeure pas moins que la mobilisation et la vigilance restent de mise, en toutes circonstances et en tous lieux. D'ailleurs, tous ceux qui sont engagés dans la lutte contre le terrorisme n'ont pas manqué de constater que même réduit militairement, l'intégrisme restait toujours aussi dangereux tant qu'il n'aura pas été combattu dans d'autres sphères de la société avec la même détermination. C'est ce qui manque le plus.