Depuis les résultats du scrutin de la dernière élection présidentielle, les Tunisiens sont rassurés de continuer à vivre dans la stabilité, le bien-être et le progrès. La Tunisie est en fête aujourd'hui. C'est le 22e anniversaire de l'arrivée au pouvoir du président Ben Ali. Chaque année, en effet, le 7 novembre est un jour de fête nationale. Cette année cependant, l'événement est doublé d'une réélection, celle du 25 octobre dernier, à une très large majorité, du président sortant qui entame donc un nouveau quinquennat. Ce sera son cinquième mandat. Ainsi en ont décidé les Tunisiens. Dans la rue, la plupart d'entre ceux que nous avons rencontrés expliquent leur choix: «Pourquoi voulez-vous que l'on change quelqu'un à qui l'on doit tout? Pour tenter le diable et aller à l'aventure? Non, merci, nous voulons garder notre président aussi longtemps que Dieu lui prêtera vie. Et tant que lui voudra bien se représenter.» La dernière phrase fait allusion à la limite d'âge prévue par la Constitution pour les candidats à la présidence. Une limite fixée à 78 ans, qu'atteindra le président Ben Ali à l'issue de ce nouveau mandat. On n'en est pas encore là. En attendant et depuis les résultats du scrutin de la dernière élection présidentielle, les Tunisiens sont rassurés de continuer à vivre dans la stabilité, le bien-être et le progrès. Autant de satisfaction qui transparaît dans la vie quotidienne de la Tunisienne et du Tunisien. Dans leurs relations avec autrui, ils sont souriants, conviviaux et détendus. Quand on débarque en Tunisie et que l'on voit toutes ces familles se promener le soir dans les rues, quand on voit les terrasses de café où il est difficile de trouver une place libre la nuit tombée, quand on voit des Tunisiennes seules dans ces mêmes cafés ou faire les vitrines en toute quiétude, on comprend que les Tunisiens n'aient pas envie de courir le moindre risque qui pourrait remettre en cause leur bien-être. Il est vrai que les visages se ferment dès que l'on tente d'aborder un sujet politique. Inlassablement, nous avons essayé de comprendre pourquoi. Nous avons fini par trouver quelqu'un, une femme précisément, pour nous expliquer cette attitude des citoyens tunisiens. «Si vous voulez parler de médecine, allez voir un médecin, si c'est l'informatique qui vous intéresse, allez voir un informaticien. C'est leur métier et ils peuvent en débattre avec vous. La politique est aussi affaire de gens qualifiés. Moi je suis couturière, si vous voulez connaître mon avis sur la dernière collection je vous le donne. Mais en politique je suis nulle», nous assène-t-elle. Puis, après un bref silence, elle reprend: «Vous êtes Algérien! Dites-moi ce que vous a apporté le brutal accès de tous les Algériens à l'expression politique? Que des drames et une inutile régression qui ont duré plus d'une décennie. Croyez-moi, vous êtes nos frères et nos soeurs et nous regrettons les malheurs qui vous ont durement frappés. Nous avons sincèrement compati avec vous. A votre tour de ne pas nous souhaiter de suivre la même voie que vous.» Et elle s'en alla non sans nous avoir gratifiés d'un charmant sourire. C'est vrai, ce qui nous est arrivé nous ne le souhaitons à personne, pas même à nos pires ennemis. Pour ceux des citoyens que la politique intéresse, il y a actuellement 9 partis politiques qui battent le pavé en Tunisie pour attirer des adhérents. Ce qui ne veut pas dire que le reste de la population ne participe pas à la vie de leur pays. Pour preuve, la société civile tunisienne est fortement représentée par pas moins de 9000 associations créées pour la majorité au cours des deux dernières décennies. Sur le plan économique, personne ne peut contester les performances de la Tunisie. A titre d'exemple, disons que le pays exporte plus qu'il n'importe. Que le PNB par habitant est de 4847 dinars tunisiens alors qu'il n'était que de 960 dinars tunisiens il y a 20 ans. 3000 investisseurs étrangers sont présents en Tunisie. Et surtout il y a cet extraordinaire tour de force des responsables tunisiens qui ont su amoindrir le choc de la crise mondiale malgré la grande ouverture de leur économie. La pauvreté? Bien sûr qu'elle existe en Tunisie comme ailleurs. Sauf que son taux est de 3,8% contre 7,7 avant l'arrivée au pouvoir du président Ben Ali. Pour ne pas continuer à vous asséner des chiffres, disons simplement que tout observateur averti et sincère peut, en visitant la Tunisie, témoigner de son prodigieux développement et de l'inégalable bien-être de sa population. Si plus d'un million d'Algériens choisissent cette destination pour passer leurs vacances, cela tient incontestablement de ces deux paramètres fondamentaux. Ils ne sont pas les seuls. Les Libyens sont encore plus nombreux à y venir aussi. Ils étaient près de deux millions à y avoir passé leurs vacances en 2008. Dans le discours qu'il doit prononcer, aujourd'hui, à l'occasion de ce 22e anniversaire et de sa réélection, le président de la République tunisienne Zine el Abidine Ben Ali apportera certainement plus de précisions au programme qu'il compte réaliser au cours des cinq années à venir. Un programme dont il a tracé les grandes lignes lors de sa campagne électorale. Un programme qui tend à plus de progrès. Comment, dès lors, peut-on penser que les Tunisiens ne soutiennent pas massivement leur président? Pour répondre à la dame tunisienne qui nous a déclaré fraternellement sa compassion pour la tragédie nationale qui nous a frappés, nous lui envoyons nos sincères voeux de bonheur et de prospérité. Nous lui disons également, ainsi qu'à tous les Tunisiens, et de tout coeur: «Bonne fête!»