Une semaine jour pour jour après les attentats du 11 avril, les Algériens se demandent toujours que faire pour que le terrorisme soit complètement éradiqué. Le drame du 11 avril a agi comme un déclic secouant le paisible sommeil des Algérois, leur faisant prendre conscience que le terrorisme n'a finalement pas été déraciné. Ce 11 avril 2007 a fait partager aux Algérois cette peur qui est restée vivace et n'a jamais quitté les cœurs de leurs compatriotes de Boumerdès, Aïn Defla, Tizi Ouzou, Béjaïa et Bouira, sporadiquement et depuis des années, théâtres d'attentats meurtriers. Contrairement aux beaux discours clamant une paix revenue et une réconciliation entre les enfants de la patrie Algérie, les Algérois ont compris qu'entre discours et réalité un large fossé s'est creusé. La distance temporelle qui nous sépare du choc des explosions du Palais du gouvernement et du commissariat de police de Bab Ezzouar nous permet de nous interroger sur la charte pour la réconciliation nationale comme projet de solution à la crise algérienne. Est-ce que la paix que les Algériens ont plébiscitée un certain septembre 2005 leur a été offerte ? La réponse est certes non, car des Algériens, civils, gendarmes, militaires et policiers, ont continué à tomber sous les attaques assassines des terroristes. Le temps a fini par donner raison aux voix qui se sont élevées pour mettre en garde contre une réconciliation nationale sans justice et consacrant l'impunité. Il est étonnant aujourd'hui, après que même le Palais du gouvernement a été touché, de continuer à offrir encore une seconde chance aux récalcitrants parmi les terroristes, qui n'ont cessé de jeter une fin de non-recevoir à la face du pouvoir pour son offre de paix. Les Algériens ont été invités, mardi, à sortir dans la rue pour dénoncer les ignobles actes terroristes perpétrés dans cette chère capitale soumise à l'embargo des marches. Ils ont d'ailleurs été nombreux à crier haut et fort leur colère et offrir leur soutien à la lutte contre le terrorisme. Mais voilà encore une fois qu'on leur sort l'entreprise de la réconciliation nationale qu'on met sur la même balance avec la lutte contre le terrorisme. Le citoyen ne peut que se trouver dérouté par un tel rapprochement entre deux options distinctes. Comment ce citoyen, qui a déjà fait montre d'un courage sans limite face au terrorisme durant la décennie noire, peut-il lutter contre des terroristes qui sont susceptibles d'être exempts de poursuites judiciaires si d'aventure ils décident de rendre les armes. Les masses populaires, qui ont volontiers exprimé leur solidarité avec les familles des victimes des attentats et dénoncé les actes terroristes, méritent mieux que d'être utilisées, l'espace d'une journée bien encadrée par les caméras de l'« Unique », à de basses fins politiciennes dont elles ignorent les tenants et aboutissants. Elles n'ont même pas eu le droit de prendre le micro à la Coupole pour dire ce qu'elles avaient sur le cœur. N'est-ce pas cette même société civile qui a appelé à organiser ce meeting de dénonciation ? Pourquoi seuls les chefs de parti, qui ont d'autres tribunes pour s'exprimer, ont été les seuls à se relayer à la tribune pour distiller encore une fois leurs idées, sans que l'un d'eux ait pensé à tendre ce précieux micro au public ? C'est là un reflet de ce déni de la parole publique qui guette tel un couperet toute tentative de libre expression.