Sous la pression maintenue, entre autres, d'organisations internationales non gouvernementales qui militent pour l'avancement des principes humanitaires, il y a eu d'abord la déclaration d'Ottawa le 5 octobre 1996 suivie de celle de Bruxelles le 27 juin 1997, exhortant la communauté internationale à négocier un accord international juridiquement contraignant interdisant l'emploi, le stockage, la production et le transfert des mines antipersonnel. Ces deux accords ont été ensuite parachevés par une convention internationale conclue à Oslo le 8 septembre 1997, dont l'objectif souligne l'opportunité de susciter l'adhésion de tous les pays. Les motivations d'une telle mobilisation reviennent au caractère dévastateur des mines antipersonnel disséminées dans le monde qui frappent, sans discrimination, à ce jour et chaque semaine, des civils innocents et sans défense, en particulier des enfants, causant dans leurs sillages des souffrances par mutilations et des pertes en vis humaines. En témoigne l'hécatombe survenue à Béchar, rapportée dans notre édition du 8 avril dernier. Outre ces divers dégâts humains, ces engins explosifs ont incontestablement et négativement des effets d'entraînement sur le développement et le reconstruction économiques de par le monde ! Revenons à cette convention, son but premier est donc surtout d'amener les Etats parties à se mobiliser en concert afin de relever le défi que représente la dépollution de leur territoire de ces mines, en veillant à leur destruction. Le reste des consignes, à savoir le déstockage, l'arrêt de la production et la cessation des transferts des mines antipersonnel, dépend de leur simple volonté à y souscrire effectivement. Dans le même document, il est recommandé aux Etats parties de prévoir aussi la prise en charge des personnes touchées par ce fléau par une assistance pour les soins et la réadaptation, y compris leur réintégration sociale et économique. En ce qui concerne le cas de l'Algérie, l'un des pays pionniers en termes d'adhésion à cette convention qu'il a signée le 3 décembre 1997 et ratifiée le 17 décembre 2000, c'est le problème de déminage des zones autrefois sous la juridiction coloniale, qui semble se poser de façon aiguë. La remarque s'applique non seulement aux bandes frontalières est et ouest dites lignes Challe et Morice, mais à bien d'autres endroits dans l'Algérie entière. Et pour cause, la France continue de tourner le dos aux incessantes demandes algériennes pour fournir les schémas des frontières minées et autres emplacements infestés. L'identification de ces zones où la présence de ces mines antipersonnel est avérée ou soupçonnée est rendue extrêmement difficile et nécessite par conséquent la mobilisation de considérables moyens sophistiqués et onéreux ainsi qu'un temps trés long. Pour rappel, le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, après avoir dénoncé plus tôt les fours à chaux, dignes des fours crématoires nazis, a ouvert un autre épisode de la présence coloniale en Algérie, lors de la destruction du dernier lot de mines antipersonnel par l'ANP le 11 novembre 2005 au polygone de tir de Hassi Bahbah. Cette opération de clôture des accords d'Ottawa, complétant dans les délais impartis la destruction d'un stock total de 150 050 mines, a été, notons-le, rehaussée par la présence de Mme Jay Williams, prix Nobel de la Paix 1997 et coordinatrice de la campagne internationale contre les mines. Le président de la République avait déploré, ce jour-là, l'attitude de la France d'aujourd'hui qui refuse mordicus de remettre les cartes localisant l'implantation de ces engins de la mort ! Qu'en penseraient à la fois les postulants à l'investiture suprême de la France qui font du droit humanitaire, leur cheval de bataille dans leur campagne électorale en cours ?