Après quarante cinq ans d'indépendance, l'Algérie continue de faire face aux souffrances et aux pertes en vies humaines causées par les mines antipersonnel datant de la période coloniale et qui tuent ou mutilent des dizaines de personnes. L'Algérie est convaincue de la plus grande nécessité de relever le défi que représente la destruction de ces engins de la mort disséminés au quatre coins du pays, notamment aux frontières est et ouest. Il faut dire qu'au moment où l'Algérie s'est engagée conformément à la Déclaration d'Ottawa du 5 octobre 1996 a éliminer ses stocks de mines antipersonnel, les mines terrestres encore enfouies sont estimées à plus de 3 millions. Les opérations de déminage redéployées à partir de novembre 2004 par l'Armée nationale populaire (ANP) ont permis le déminage de plus de 200.000 mines. Jeudi au cours d'un colloque de formation sur la prise en charge des victimes des mines antipersonnel, le ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale, M. Djamel Ould Abbès a déclaré dans son allocution d'ouverture que " sur les onze millions de mines antipersonnel semées par l'armée coloniale, huit millions ont été détruites et trois millions restent encore enfouies dans le sol, le long des frontières. Le ministre a indiqué que ce colloque marque le début de la mise en oeuvre d'un programme de sensibilisation et de formation, visant tout particulièrement, a-t-il dit, "les populations vivant dans les zones encore polluées par les mines et les associations des handicapées de ces zones".Le ministre a expliqué que l'objectif recherché par cette rencontre est l'amélioration des conditions de vie de "ceux qui ont été atteints dans leur intégrité physique afin d'éviter que ces armes insidieuses fassent encore de nouvelles victimes". D'ailleurs, l'assistance aux victimes de mines antipersonnel nécessite selon lui, "la mobilisation d'importants moyens humains, financiers et matériels", tout en soulignant que l'"Algérie a consenti et consent (toujours) d'énormes efforts pour la mise en place et le développement de structures de soin, de réadaptation fonctionnelle et de réinsertion socioprofessionnelle".Dans le même sillage, M. Ould Abbès a rappelé que l'Algérie a été l'un des premiers pays à avoir signé, le 3 décembre 1997, la convention sur l'interdiction de l'emploi, de stockage, de la production et de transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction, dont la ratification qui s'est déroulée le 9 octobre 2001 est entrée en vigueur le 1er avril 2002. Pour leur part, MM. Tayeb Louh et El-Hadi Khaldi, respectivement ministres du Travail et de la Sécurité sociale et de la Formation et de l'Enseignement professionnels, ont rappelé les efforts déployés par l'Etat dans son soutien aux victimes des mines antipersonnel et les différentes stratégies élaborées par leurs secteurs dans la prise en charge de ces victimes. L'ambassadeur du Canada en Algérie, M. Robert Peck, a salué, quant à lui, l'Algérie pour son rôle de "chef de file" qu'elle a joué en adhérant à la convention d'Ottawa et pour celui qu'elle assume, a-t-il noté, actuellement dans le cadre des ateliers visant "à mettre en oeuvre cet important aspect du traité humanitaire".M. Peck a estimé que l'Algérie, à travers son projet "ambitieux qui couvre une diversité de besoins en matière d'accompagnement des victimes et de renforcement des capacités", entre dans une "nouvelle phase en associant la société civile à ses engagements pour les rendre ainsi plus concrets". Le diplomate canadien a noté que la fin de ce projet (atelier sur la prise en charge des victimes) "coïncidera probablement avec la tenue de la deuxième conférence d'examen de la convention prévue en 2009", et ce, tout en affichant sa conviction que "les rapports que l'Algérie présentera, à cette occasion, seront enrichissants et reflèteront une excellente mise en place du plan d'action de Nairobi". Selon M. Aïssa Hanouni, directeur du programme de la pauvreté au ministère de la Solidarité et de l'Emploi, ces mines se trouvent, notamment, aux frontières est et ouest du pays sur des superficies très vastes et dont la cartographie a été établie avec précision par les services du génie militaire de l'ANP. Dès le lendemain de son indépendance, l'Algérie a lancé une campagne de déminage de ses frontières par les unités spécialisées de l'ANP. des campagnes de déminage, opérations lentes et coûteuses ont été menées de 1963 à 1988. Durant ce quart de siècle, 7 819 120 mines on été éliminées et 50 000 hectares de terres nettoyés. Il soulignera que l'Etat algérien prend en charge directement les victimes de ces mines, notamment en matière d'assistance pour les soins et leur réadaptation, y compris pour leur réintégration sociale et économique. " Ces victimes sont prises en charge en matière d'indemnisation par le ministère des Moudjahidine. Il y a plus de 3000 personnes qui émargent à ce dispositif, soit 3 000 victimes recensées depuis 1963 ". Il indiquera qu'une indemnité mensuelle de 3 000DA est accordée par le ministère de la Solidarité nationale et de l'Emploi à ces victimes. Il y a lieu de rappeler que l'Algérie est partie prenante de la Convention sur l'interdiction de l'emploi, de stockage, de production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction. Un engagement qui souligne le rôle de la conscience publique dans l'avancement des principes humanitaires comme en atteste l'attention accordée à cette question par le président de la République, Monsieur Abdelaziz Bouteflika qui avait présidé personnellement le 24 novembre 2004 la cérémonie de destruction du premier lot de mines antipersonnel. Il a souligné à cette occasion que l'Algérie " entend marquer sa pleine adhésion à l'objectif que la communauté internationale s'est fixé pour débarrasser le monde de cette arme pernicieuse ". Les mines antipersonnel représentent en effet un véritable fléau menaçant la vie et l'intégrité physique des citoyens et portant gravement atteinte à leurs moyens d'existence et à leur environnement. L'on estime qu'il existe actuellement plus de 100 millions de mines terrestres enfouies de par le monde, notamment dans les pays en développement, et qui constituent un risque permanent pour leurs populations, a souligné le chef de l'Etat. Ce danger, présent dans plus de soixante-dix pays, est d'autant plus redoutable que, mis en place en période de conflit, il persiste bien longtemps après la fin des hostilités. A l'instar de beaucoup de pays africains, l'Algérie a souffert et continue de souffrir à ce jour des " ravages provoqués par les mines antipersonnel ". C'est au cours de trois périodes historiques différentes que l'Algérie s'est trouvée infectée par ce mal d'un type très spécial. La première de ces périodes remonte à la Seconde Guerre mondiale où l'Algérie a été le théâtre de combats au cours desquels l'on a largement recouru à l'emploi de ce genre de mines. La deuxième période, la plus grave, a été celle de la guerre de Libération, durant laquelle les forces coloniales ont procédé à l'édification de barrages minés dans les régions frontalières à l'Est et à l'Ouest, plus communément connus sous les tristes noms de " lignes Challe et Maurice " ; la troisième période est celle durant laquelle l'Algérie a été le théâtre d'un terrorisme d'une violence et d'une barbarie incroyable, et qui a vu également l'utilisation de mines antipersonnel par le terrorisme. Ces mines, qui répondent à la définition des mines antipersonnel telle que formulées par les dispositions pertinentes de la convention d'Ottawa ont été disséminées partout et sans autre considération tactique que celle de terroriser les populations en provoquant le maximum de pertes humaines. Elles ont été placées à proximité des écoles, dans les champs, ou sur les bords des routes et même dans les cimetières ", a souligné le chef de l'Etat.