Les participants au Colloque international sur les victimes du terrorisme et la réconciliation ont mis en garde, hier, contre « toute tentative d'associer toutes les religions et croyances au terrorisme, qui travestit leur enseignement et pervertit leurs principes ». Dans une déclaration finale lue après deux jours de travaux, ils ont souligné « le rôle fondamental de la société civile dans la promotion du dialogue des religions et des civilisations dans un contexte de compréhension et de respect mutuel ». Ils ont appelé à la mise en place d'un réseau d'organisations non gouvernementales de victimes du terrorisme, au niveau régional et international dans le but d'une meilleure concertation et ont exhorté l'Unesco à mettre les moyens pour instaurer une journée à la mémoire des victimes du terrorisme en vue de mobiliser l'opinion publique internationale contre toute forme de violence. Les participants au colloque ont par ailleurs interpellé l'ONU sur la nécessité d'une convention sur le terrorisme transnational avec une définition qui distingue la lutte des peuples contre l'occupation et les actes criminels. Ils ont mis l'accent sur « le renforcement de l'assistance psychologique » aux familles, notamment les enfants victimes du terrorisme, afin de contrecarrer « la transmission du traumatisme » aux générations futures et éviter l'esprit de haine et de vengeance. Avant l'adoption de cette déclaration, plusieurs communications étaient à l'ordre du deuxième et dernier jour du colloque organisé par l'Organisation nationale des familles des victimes du terrorisme (ONFVT). La plus longue a été celle du ministre de la Solidarité, de la Famille et de la Communauté à l'étranger, Djamel Ould Abbès, qui, pendant une heure, n'a fait que louer la politique du président Bouteflika, notamment celle de la réconciliation nationale. La seule information qu'il a donnée est relative à l'existence d'un fichier nationale répertoriant 43 000 « victimes de la tragédie », 800 équipes pluridisciplianires réparties sur 277 établissements de prise en charge spécialisée à travers le pays, 4 centres d'accueil pour les enfants de terroristes à Bouira, Alger, Relizane et Oum El Bouaghi, 170 cellules de proximité et 1,860 milliard de dinars dépensés pour l'affectation de 1050 logements sociaux et 530 évolutifs au profit de familles de victimes du terrorisme. Pour sa part, le journaliste Ammar Belhimer a diagnostiqué les textes consacrés à la rahma (repentance), à la concorde puis à la réconciliation nationale, mais aussi le contexte dans lequel les trois textes ont été promulgués. Pour lui, en Algérie, « la violence est devenue un mode de régulation sociale » où le poids de la religion est très lourd. « L'Islam a toujours été utilisé soit comme alibi pour la conquête ou le maintien du pouvoir ou en tant qu'instrument politique. » Le journaliste a rappelé les différentes étapes qui ont précédé la réconciliation nationale, précisant que celle-ci « n'a jamais été un ensemble de concessions pour les terroristes puisque les trois quarts de ses dispositions sont destinées aux victimes du terrorisme ». Mais il a conclu en affirmant que cette loi est venue pour désamorcer trois bombes à retardement qui risquaient d'éclater entre les mains des générations futures : « La première est celle liée à la question des disparus qui demande une grande vigilance. Les deux autres sont liées à la prise en charge des enfants des terroristes abattus et à celle des patriotes et GLD (groupe de légitime défense) que la presse présente comme le parent pauvre de la réconciliation. » Le conférencier a terminé sa communication en mettant l'accent sur l'éducation des enfants à la culture de la paix au niveau des écoles. Le professeur de droit et avocat, Driss Allouache, a fait une analogie entre le droit humanitaire international et la réconciliation nationale en disant que celle dernière « démontre que l'Islam est une religion de paix et non de violence et de terreur comme le présentent certains médias occidentaux sur un terrain manifestement piégé où les enjeux sont rarement clairs au niveau de la conscience de certains intéressés ». Le conférencier a estimé enfin que l'avenir tant de la paix que de la civilisation « dépend de l'entente et de la coopération entre responsables politiques, spirituels et intellectuels ».