L'Entente de Sétif a fait vibrer l'Algérie en se qualifiant de fort belle manière à la finale de la ligue des champions arabe. Sept jours après les horribles attentats d'Alger, les Algériens ont partagé le bonheur d'une victoire méritée arrachée par des footballeurs sétifiens, dignes héritiers d'une Algérie du football en regain de succès. Comme toujours, le football a été rassembleur. Avalant des milliers de kilomètres, bravant le froid et le mauvais temps, les risques d'accidents, des Algériens venus de toutes les contrées du pays ont rallié la capitale des Hauts-Plateaux pour participer à la fête. Issaâd Bourahli, le capitaine d'équipe, et ses camarades ont été au rendez-vous. Une fois de plus, ils ont prouvé qu'ils sont bien les meilleurs, les plus forts de cette compétition, très lucrative au plan financier. Mais là n'est pas le moteur de leur superbe motivation. Tous les clubs et footballeurs algériens traînent comme un boulet de canon cette mauvaise image qui colle à leur sport favori, leur gagne-pain. Celle d'éternels perdants. A l'instar des joueurs de l'équipe nationale, de l'ASO Chlef, de la JS Kabylie, ceux de Sétif puisent dans cette terrible adversité des raisons pour renverser des montagnes et donner un peu de joie et de plaisir à un peuple qui n'a jamais fait le deuil d'un retour au premier plan de ses favoris sportifs. Petit à petit, grâce aux Verts, à l'ES Sétif, à la JS Kabylie, à l'ASO Chlef, la confiance revient dans le camp algérien. Les chaumières sétifiennes ne sont pas près d'oublier les moments intenses de joie vécus mercredi par la grâce de footeux qui n'ont pas toujours été bien aidés dans leur mission. Cette embellie est porteuse d'énormes espoirs. Ceux de voir l'équipe d'Algérie aller en Coupe du monde au pays de Nelson Mandela en 2010, Sétif remporter la ligue des champions arabe et étoffer par la même son prestigieux palmarès international, la JS Kabylie faire un bon parcours dans le trophée MTN-CAF, l'ASO Chlef aller le plus loin possible en coupe de la CAF, sans oublier la sélection des moins de 15 ans qui prépare déjà la CAN 2009 des U17 que l'Algérie organisera dans moins de deux ans. Ce frémissement du football national est symbolisé aussi par la superbe remontée de la sélection au Rinking FIFA où elle est passée de la 78e à la 64e place. Elle a gagné 14 places. Un bond très significatif et qui augure de lendemains qui chantent. Pour peu que la dynamique ne soit pas brisée sur l'autel d'intérêts étroits. Mercredi à Sétif et après la chaleureuse ambiance qu'a vécue le stade du 5 Juillet lors des deux dernières sorties de l'équipe nationale, le football a prouvé, une fois de plus, qu'il est « le plus grand parti politique du pays », comme l'ont souligné de nombreux observateurs. Les pouvoirs publics ne doivent nullement occulter la portée de ce phénomène social qu'est le football, parce que, en retour, il leur renvoie bien l'ascenseur.