La Ligue algérienne de la défense des droits de l'homme (LADDH) a lancé, hier, un appel pour la libération de onze détenus du Mouvement citoyen du Sud du pays. La Ligue, que préside Me Ali Yahia Abdenour, s'est élevée contre la « détention abusive » de ces détenus dont l'état de santé est jugé critique. Huit délégués de ce mouvement, parmi eux deux militants de la LADDH, sont incarcérés depuis le 5 juin 2004 dans la prison de Ouargla. Le 26 juin dernier, six parmi ces derniers observent une grève de la faim pour protester contre leur mise en détention provisoire et « le traitement humiliant » dont ils ont fait l'objet durant leur incarcération. La LADDH, qui déplore les conditions de détention dans lesquelles se trouvent ces détenus, demande une « réaction urgente » de la part des défenseurs des droits de l'homme et des autorités responsables de l'arrestation de ces citoyens dont le seul tort « est d'avoir lancé des actions citoyennes qui n'ont rien à voir aves les crimes ou les délits ». A titre de rappel, les autorités judiciaires de Ouargla avaient reproché aux six délégués du mouvement d'avoir procédé à la récolte de signatures dans le cadre de comités de quartiers pour demander aux habitants de ne pas payer les factures d'électricité et aux deux militants des droits de l'homme de la localité de Labiod Sid Cheïkh d'avoir assisté aux réunions du Mouvement citoyen du Sud. Cela a valu aux mis en cause un chef d'inculpation d'« association de malfaiteurs ». Dans une lettre adressée au président de la LADDH, les familles des détenus ont attiré l'attention de Me Ali Yahia Abdenour sur les conditions de détention : « Nous, membres des deux familles Tahri et Larbi, incombons l'entière responsabilité aux autorité judiciaires et pénitentiaires s'il arrive quoi que ce soit à nos enfants. » Dans leur requête, les protestataires ont rappelé « la maltraitance » dont ont été victimes les détenus. Alors qu'ils se trouvaient en sit-in de protestation devant le tribunal de Ouargla pour exiger la libération des huit détenus, trois autres délégués du mouvement citoyen ont été interpellés dimanche dernier et mis sous mandat de dépôt pour attroupement et « manifestation non autorisée ». Ce qui porte à 11 le nombre de délégués du mouvement détenus à la prison de Ouargla. Me Ahmine Noureddine, avocat et membre de la LADDH de Laghouat, a constaté sur les lieux que les conditions de détention sont « déplorables ». « Les détenus ont été placés en isolement dans des cellules à peine aérées en période de chaleur caniculaire, en particulier dans le sud du pays », déplore l'avocat. La situation est, selon lui, « d'autant plus pénible et dangereuse pour leur santé qu'ils sont en grève de la faim depuis 12 jours ». L'interpellation des huit premiers détenus a eu lieu au lendemain d'un conclave des délégués de 12 wilayas du Sud qui s'est déroulé le 4 juin à Ouargla.