Les transporteurs de la wilaya de Béjaïa s'apprêtent une nouvelle fois à faire parler d'eux. Un appel à la grève illimitée à compter du 26 octobre, à travers toute la wilaya, vient d'être diffusé par l'organisation affiliée à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), alors que l'organisation corporatiste rivale, l'Union nationale des transporteurs algériens (UNAT), multiplie les appels pour casser le mouvement. Cette nouvelle montée au créneau, intervenant quelques semaines à peine après les grandes perturbations vécues par le secteur, s'étant résumée à une lamentable confrontation entre des usagers livrés à eux-mêmes et des transporteurs ayant jugé unilatéralement de la modicité désavantageuse des tarifs appliqués sur les dessertes, sonne déjà comme une énième démonstration du mal profond qui ronge la profession. Prosaïquement, la nouvelle plateforme de revendications jointe au préavis diffusé, déterre des exigences depuis longtemps mises en avant par les transporteurs, toutes organisations confondues. La planification rigoureuse des horaires, l'hygiène au niveau des aires de stationnement, l'installation des abribus et de gares de distribution, la bonne répartition des lignes de dessertes sont les revendications portées par la protestation. Une liste qui n'intervient pas dans la suite logique du désaccord sur lequel les représentants de l'organisation et de la direction de transport se sont séparés le 11 octobre. Une date qui a vu la réunion de la commission d'attribution des lignes des transports, et qui aurait été marquée, selon l'exposé succinct joint au préavis de grève, par « des attributions de lignes non conformes à la réglementation et au plan de transport en vigueur ». Il y a fort à parier que les excuses anticipées adressées par la corporation aux usagers, quant aux inévitables désagréments que le mouvement va générer, qui plus est en ce mois de Ramadhan où toutes les heures sont de pointe, n'auront qu'un effet dérisoire, puisque la rue maugrée déjà. La suspicion jetée par les propos des représentants de l'UNAT sur les motivations réelles de la colère de leurs rivaux, n'excluant pas l'existence d'« intérêts personnels contrariés » dans l'affaire, est l'autre élément qui ajoute au trouble.