Le ministre délégué au Développement rural (MDDR), Dr Rachid Benaïssa, a mis en garde hier contre les effets négatifs qu'induirait la défaillance du financement sur les multiples projets concernant le monde rural. Ceci, soutient-il, d'autant plus que la politique du développement rural en Algérie est passée du stade de règlement des questions dites d'« urgence » à une optique de « développement durable ». En effet, rappelle le MDDR, depuis le début de cette année, il est question du Programme de soutien au renouveau rural (PSRR 2007-2013). Et en évoquant le financement, M. Benaïssa pointe du doigt les deux intervenants publics, à savoir la Banque de l'agriculture et du développement rural (Badr) ainsi que la Caisse nationale de mutualité agricole (Cnma). Lenteurs dans les délais de traitement des dossiers, manque de flexibilité et de rentabilité, analyse des risques tronquée des spécificités des projets ruraux sont autant de griefs énumérés par le conférencier. Le ministre, qui saisissait la tribune du Forum d'El Moudjahid, a relevé, ainsi, les carences dans l'accès aux financements. M. Benaïssa ira jusqu'à donner un caractère prioritaire au règlement de cette question. Dans ce sens, il indiquera que « le ministère des Finances ainsi que d'autres institutions financières sont en train de travailler pour trouver d'autres sources de financement. Un travail de fond se fait au sein de ce département du fait que plus d'outils d'urgence doivent être mobilisés ». Parmi les mesures à prendre d'urgence figure la célérité dans le traitement des dossiers en prenant en ligne de compte les spécificités du monde rural et les caractéristiques de chaque région. Ce qui appelle à améliorer l'analyse des risques, estime Dr Benaïssa. Il préconisera, par ailleurs, plus de décentralisation de la CNMA. L'idée formulée par le MDDR consiste en la création de caisses de mutualité agricole de proximité. Actuellement, la CNMA dispose d'un réseau basé sur les caisses régionales de mutualité agricole (CRMA). Pour M. Benaïssa : « Il faut que ces outils soient le plus près possible des acteurs ruraux. » Ainsi, de l'avis du ministre, les caisses de proximité seront des passerelles entre le bailleur de fonds et les promoteurs de projets. Elles compteront (les caisses) en leur sein des conseillers de développement rural. Outre le financement, le développement rural fait face à des insuffisances dans la diffusion de l'information. Lors de son intervention, le ministre délégué au Développement rural a expliqué les grandes lignes de sa politique du renouveau rural. Elle est mise en exécution à travers les Programmes de développement rural intégrés des wilayas (PPDRIW) s'articulant autour de quatre programmes par objectif, expliquera-t-il. Chaque programme par objectif réunit des Programmes de développement rural intégré (PPDRI) cristallisés autour des quatre thèmes fédérateurs que sont : la modernisation et/ou réhabilitation d'un village ou d'un ksar, la diversification des activités économiques en milieu rural et l'amélioration de l'attractivité du territoire rural, la protection et la valorisation des ressources naturelles ainsi que la valorisation du patrimoine rural matériel ou immatériel. Le premier bilan dressé de cette nouvelle politique fait état du lancement de 2 229 PPDRI dans 880 communes pour plus d'un million de personnes. Il faut travailler dans la synergie au niveau local et en intersectorialité au niveau des différents dispositifs. 4 500 associations privées ont pris l'initiative d'accompagner le programme de développement rural. Un réseau les liant, baptisé « Ma stratégie », sera opérationnel et aura pour principales missions le recensement et la connaissance des différents problèmes.