Et revoilà Google qui recommence à faire des siennes aux Etats-Unis où il est esté en justice pour atteinte aux libertés par trois organisations américaines de défense des libertés civiles — EPIC, CDD et US PIRG. L'autorité en charge de la concurrence et de la répression des fraudes (FTC) s'est fait un devoir d'enregistrer les plaintes de ces trois puissantes organisations. Celles-ci exigent, ni plus ni moins, l'ouverture d'une enquête à même de déterminer les implications de l'acquisition par Google, la semaine dernière, de DoubleClick. On a même affirmé que cette acquisition a suscité de bien grandes inquiétudes aux Etats-Unis car s'agissant de rachat de données personnelles des utilisateurs du moteur de recherche. Les organisations en question attendent de la FTC, qu'elles ont saisi, qu'elle prenne une mesure conservatoire telle que la suspension de la transaction. Il faut savoir que les plaignants appréhendent que Google puisse se constituer une gigantesque base de données marketing sur les habitudes de surf des internautes. Cette situation intervient après que la société Millward Brown ait établi un classement de la puissance des grandes entreprises en comparant, comme elle le fait chaque année, la valeur financière des marques associées. Cette valeur résulte d'un calcul faisant intervenir les résultats financiers de l'entreprise elle-même, la part de la marque dans ces résultats ainsi que la perception de la marque auprès du public (intentions d'achat, etc.). La précédente année, Microsoft avait été à la tête du classement avec 62 milliards de dollars. Il était suivi par General-Electric avec 55,8 milliards de dollars et Coca-Cola avec 41,4 milliards. Cette année, la société Internet américaine détrône Microsoft, relégué en troisième position derrière General-Electric. La marque Google est valorisée à plus de 66 milliards de dollars, soit près du double par rapport au classement établi en 2006. Microsoft, 3e, se voit attribuer une valeur de 55 milliards de dollars. Les acteurs des TIC suivants sont : China Mobile (5e place), IBM (9e place), Nokia (12e), HP (15e) et Apple (16e). Autre fait en 2007 : c'est la deuxième année consécutive qu'une marque du secteur des TIC s'impose en tête, devant des géants tels que Coca-Cola, Marlboro et Toyota. Par ailleurs, sur les cent entreprises qui figurent sur la liste, le secteur de la finance est le plus représenté avec une marque sur quatre, suivi des technologies, une sur cinq et de la vente au détail. Mais ce succès n'est pas fortuit. Même s'il sait qu'il va au devant de risques énormes dont des plaintes, Google innove toujours. D'où les problèmes résultant de l'acquisition de Double-Click. Les appréhensions des trois organisations plaignantes semblent justifiées. En effet, la société compile déjà de nombreuses informations grâce à ses propres services. Elle le fait via Gmail son outil de courrier électronique, Google Maps son service de cartographie ou encore ses différents moteurs de recherche. De son côté, DoubleClick dispose de données sur les comportements des visiteurs des sites de ses clients, comme ceux d'AOL ou bien du réseau MTV. Les trois organisations redoutent que le croisement de ces deux sources d'informations ne permette de bâtir une base de données regorgeant de profils de consommateurs, susceptible en outre d'attirer de nombreuses convoitises. Des pirates tout d'abord, qui tenteront de percer les systèmes de sécurité mis au point par Google pour protéger ces données. Ensuite de certains gouvernements ou législateurs étrangers, qui pourraient forcer Google à leur ouvrir ses bases de données, à des fins de surveillance électronique. La plainte exige donc que Google crée une véritable politique pour détruire les données au bout d'un certain temps et surtout pour permettre à ses utilisateurs d'accéder aux informations qu'elle détient sur eux. La société, pour sa part, a expliqué qu'elle n'entendait pas croiser des informations nominatives ou identifiables avec les historiques de recherche ou les habitudes de surf. En revanche, elle entend utiliser certaines données pour optimiser l'apparition de publicités et mieux les cibler. Ce qui n'a pas vraiment rassuré les organisations de défense de la vie privée. L'annonce de cette plainte a dû ravir les concurrents de Google, parmi lesquels Microsoft, AOL ou AT&T, qui avaient publiquement fait part de leur inquiétude la semaine dernière, sans oser frontalement s'attaquer au moteur de recherche.