Sale temps pour les traders. Les autorités américaines de la concurrence suivent de très près les marchés pétroliers. Ainsi, la Federal Trade Commission a publié jeudi des règles destinées à lutter contre la manipulation des cours sur les marchés du pétrole, soulignant qu'un tel comportement frauduleux pouvait avoir de graves conséquences pour l'économie des Etats-Unis. Les autorités de la concurrence américaines ont ajouté que ces règles empêcherait toute fraude et information trompeuse sur les marchés de gros du pétrole, ainsi que les rétentions d'informations susceptibles de fausser la donne sur les marchés. "Ces nouvelles règles nous permettront de lutter contre la fraude et les manipulations qui peuvent faire augmenter les prix à la pompe. Nous allons mettre de l'ordre sur les marchés pétroliers et si nous tombons sur des entreprises qui manipulent les marchés, nous engagerons des procédures contre elles", a déclaré Jon Leibowitz, président de la FTC. Les règles, qui entreront en vigueur le 4 novembre et qui pourraient se traduire par une amende d'un million de dollars par jour pour toute personne s'étant rendue coupable de manipulation, s'appliqueront à l'achat et à la vente de pétrole brut, d'essence et de distillats. Parmi les violations répertoriées par la FTC figurent de fausses annonces publiques relatives aux prix et à des décisions en matière de production, la publication de fausses données ou encore les "wash sales", ces mouvements de ventes destinées à masquer la liquidité réelle d'un marché ou le prix d'un produit pétrolier particulier. Elle interdit aux intervenants "de s'engager volontairement dans toute pratique -y compris la communication inexacte d'un fait matériel- constituant ou pouvant entraîner une tromperie envers toute autre personne et d'omettre de manière volontaire de rendre public un fait matériel (...) susceptible d'entraîner des distorsions du marché" pour les produits pétroliers. Les contrevenants seront susceptibles de pénalités se montant jusqu'à 1 million de dollars par jour d'infraction. L'agence avait déjà émis une recommandation provisoire en avril, qui se retrouve donc ainsi pérennisée. Le fonctionnement du marché américain de l'énergie est l'objet d'intenses débats depuis que le prix du baril a atteint des sommets historiques en juillet 2008, à plus de 147 dollars, avant de chuter lourdement quelques mois plus tard. "Cette nouvelle règle va nous permettre de sévir contre les fraudes et manipulations qui peuvent faire monter les prix à la pompe", a déclaré Jon Leibowitz, président de la FTC, cité dans le communiqué. "Nous allons maintenir l'ordre sur les marchés du pétrole - et si nous trouvons des sociétés qui manipulent les marchés, nous les poursuivrons", a-t-il ajouté. Pour James Williams, de WTRG Economics, cette mesure s'applique particulièrement à la détermination des prix au comptant, négociés directement entre un producteur et un raffineur par exemple. Cela pourrait concerner "ceux qui publient leurs prix ou leurs stocks (...). Cela pourrait être un +trader+ qui présente faussement ses positions: s'il s'agit d'un acteur important, sa position peut faire bouger le marché", a souligné l'analyste. L'autorité américaine de régulation des marchés de matières premières, la Commodity Futures Trading Commission, mène aussi ses propres débats pour tenter de contenir la spéculation sur les marchés énergétiques. En tout état de cause, cette façon de faire ne peut s'interprétée comme une reconnaissance du fait que les cours du baril soit complètement déconnectés de ses fondamentaux (offres et demande). Notons qu'hier encore, les prix du pétrole affichaient un léger recul, les marchés évoluant prudemment avant la publication des chiffres du chômage américain qui donneront une indication de la santé de la première économie mondiale. Le pétrole continuait de suivre l'humeur des autres marchés, qui évoluaient en baisse en raison des inquiétudes des investisseurs quelques heures avant les chiffres mensuels de l'emploi américain. Les données et perspectives sur l'emploi ont de l'influence sur le marché de l'énergie dans la mesure où elles ont un impact sur la consommation privée d'une manière générale, mais aussi la demande de pétrole, comme avec les déplacements pour aller travailler. Jeudi, les chiffres des demandes hebdomadaires d'allocations chômage ont montré que le nombre de nouveaux chômeurs inscrits aux Etats-Unis avait nettement reculé lors de la semaine achevée le 1er août pour s'établir à 550.000, alors que les économistes tablaient sur 580.000. Mercredi, le secteur privé aux Etats-Unis a affiché la destruction de 371.000 emplois en juillet, soit nettement moins que le mois précédent. Les prix ont également subi la pression des niveaux de stocks toujours élevés aux Etats-Unis, comme l'a révélé mercredi le rapport hebdomadaire du département à l'Energie. La semaine passée, les réserves de brut ont de nouveau fortement augmenté, pour la deuxième semaine d'affilée. Cet état de fait pénalisait le "light sweet crude" par rapport au Brent échangé à Londres, et l'écart, d'ordinaire favorable au brut new-yorkais, était positif d'environ 3 dollars pour le londonien. Le WTI a cependant bénéficié du soutien d'une note d'étude de la "grande pieuvre" Goldman Sachs, selon Olivier Jakob. Samira G.