La ville de Guerrara, à quelque 110 km au nord-est de Ghardaïa, a retrouvé son calme habituel après les violentes manifestations de vendredi dernier. Selon le témoignage d'un habitant de la localité, c'est suite à une dispute qui a éclaté peu avant le f'tour entre deux Chaâmbas et deux Mozabites du même quartier que des émeutes se sont déclenchées. Alors que les protagonistes étaient auditionnés par des policiers, une information sur des arrestations à venir a incité une population, chauffée à blanc après les événements de Ghardaïa, à manifester sa colère. Toujours selon notre interlocuteur contacté par téléphone, les rues de Guerrara ont été assaillies par quelque 3000 personnes qui jetaient des cailloux sur tous les édifices publics, dont certains n'ont pas échappé au feu. Et si aucun blessé n'est à déplorer suite à l'intervention musclée de la brigade antiémeute, sept personnes, dont deux mineurs, ont été arrêtées et présentées devant le parquet de Ghardaïa qui a libéré les mineurs et placé les cinq autres sous mandat de dépôt. Les chefs d'inculpation retenus sont attroupement illicite et incendie de biens d'autrui. Pour l'heure, un calme précaire règne sur les deux villes théâtre de ces graves heurts qui ont conduit à l'arrestation de 36 personnes à Ghardaïa, dont 11 ont écopé de 6 mois de prison ferme. Pour rappel, 11 autres détenus attendent la fin de l'instruction lancée la semaine dernière pour être jugés, tandis que 5 militants des droits de l'homme de la ville de Ghardaïa sont frappés d'un mandat d'arrêt prononcé au lendemain des émeutes survenues le 13 octobre dernier. Des informations concernant l'organisation imminente d'une marche pacifique de Bab El Haddad au siège de la wilaya circulent à Ghardaïa. Les commerçants demandent la libération des détenus sans poursuites judiciaires. Un appel relayé par un nouveau communiqué de la Ligue des droits de l'homme samedi dernier. La population dénonce la violence de l'intervention des services de l'ordre et la tournure prise par les événements. D'aucuns estiment que ces émeutes qui se généralisent dans la pentapole sont un cri de détresse contre l'injustice et la mauvaise gestion des affaires publiques dans la capitale du M'zab. Les commanditaires des trois émeutes successives survenues durant les derniers mois montrent du doigt les responsables locaux. Le wali de Ghardaïa est particulièrement visé.