Suite au dépôt de plainte en référé du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière avant-hier, le juge près le tribunal de Hussein Dey a ordonné, hier, l'arrêt de la grève des praticiens spécialistes de santé publique entamée depuis une semaine. Les membres du syndicat dont le président, Dr Yousfi, ont été entendus dans la soirée de samedi par le juge en présence de l'avocat du syndicat. « Nous avons reçu la notification aux environs de 19h 45 par un huissier de justice pour se présenter au tribunal de Hussein Dey à 20h. Nous nous sommes rendus à l'heure précise. L'audition a dû être reportée à 21h, l'avocat n'étant pas encore arrivé. Nous avons été finalement entendus à 22h et il nous a demandé de faire une réponse écrite dans l'heure. Chose qui a été faite », relate Dr Yousfi lors d'un point de presse organisé hier au siège du syndicat, juste après l'annonce du verdict par le juge près le tribunal de Hussein Dey. « Nous prenons acte et nous acceptons la décision de justice, mais nous contestons l'arrêt de la grève par un juge. Ce n'est pas de cette manière qu'on arrête une grève légale en faisant recours à la justice de la nuit », a-t-il déploré. Et d'annoncer que le bureau national devait se réunir dans la soirée d'hier et décider des mesures à prendre suite à toutes ces « intimidations ». Il promet que les médecins spécialistes ne baisseront pas les bras et qu'ils « continueront la lutte jusqu'à la satisfaction de leurs revendications. Nous sommes toujours en grève tant que nous n'avons pas encore la notification ». Dr Yousfi relève que c'est pour la première fois que cela arrive dans le secteur de la santé, et ce précédent grave met en péril les libertés syndicales et les syndicats autonomes. « Ils veulent nous faire taire, mais ce n'est que partie remise », menace-t-il. De son côté, l'avocat du syndicat Me Merfoud Amine a expliqué qu'en la forme, cette affaire ne relève pas des compétences du tribunal de Hussein Dey. Elle doit être, selon lui, déposée au niveau de la chambre administrative près la cour d'Alger, et cela a été signifié au juge qui a réfuté la demande. Sur le fond, continue Me Merfoud, l'affaire ne revêt aucun caractère urgent pour être traitée en référé, puisque ce syndicat a décidé de faire grève selon les dispositions de la loi 90-02. « Une assemblée générale a été organisée le 9 octobre et un préavis de grève a été déposé le 10 au niveau des ministères de la Santé et du Travail. Il n'y a pas d'urgence, puisque les malades ne sont pas en danger. Le service minimum est assuré ainsi que les urgences. Pourquoi alors aller vers cette procédure ? », s'est-il interrogé. Il a annoncé que le syndicat fera appel une fois qu'il aura la notification de la décision de justice.