Invité du Forum des chefs d'entreprise, Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN et chef du gouvernement, a affirmé que ce n'est assurément pas l'Algérie qui freine l'édification de l'Union du Maghreb arabe. M. Belkhadem qui a été interrogé sur la faisabilité d'une union a tenu à souligner que l'Algérie n'a rien à se reprocher et de préciser : « Si nous n'arrivons pas à construire ce Maghreb des cinq pays, il faudra aller vers un Maghreb à géométrie variable. » Le chef du gouvernement, dont la déclaration a laissé perplexe l'assistance, fera remarquer qu'à « chaque fois des raisons sont évoquées au sujet du frein de cette union, mais nous n'en sommes pas responsables », dira-t-il, en précisant que même le différend qui oppose l'Algérie au Maroc, qui est la question de l'autodétermination du peuple sahraoui, n'a jamais constitué un obstacle au passage du gazoduc algérien en partance vers l'Espagne via le Maroc. M. Belkhadem a tenu à préciser que sans l'Algérie, il ne peut y avoir de Maghreb. « Nous sommes le seul pays à avoir des frontières avec tous les pays du Maghreb et nous avons toujours honoré nos engagements vis-à-vis de nos partenaires. Mais pour édifier une union, il faut être à trois, à quatre ou à cinq », note l'invité du FCE. M. Belkhadem continuera son argumentaire en indiquant que le passage de gazoducs algériens via le Maroc ou la Tunisie profite à la fois à nos voisins et à l'Algérie : « Nous sommes crédibles, car nous honorons nos engagements. » Il était difficile de faire le distinguo entre la personne du chef du gouvernement et du chef du FLN, qui s'est présentée hier devant les membres du Forum des chefs d'entreprise. M. Belkhadem, qui a été invité à présenter le programme économique de son parti, a débuté son exposé en justifiant que le programme du président de la République, que le gouvernement applique, a été conçu par une équipe d'experts du FLN. « C'est donc le même programme » directif. Cette précision a donc donné le droit à M. Belkhadem de faire le bilan de l'exercice gouvernemental en assurant, à son auditoire de patrons, que l'objectif assigné à cet exercice est d'arriver à allier solidarité sociale et développement économique basé sur la liberté d'entreprendre. En guise de promesses, le chef du FLN assure les patrons du FCE de rendre plus efficiente l'action bancaire en restructurant le système bancaire public et en ouvrant la participation aux banques étrangères à la condition de servir les entreprises nationales. Autre promesse, le règlement une fois pour toutes du problème du foncier industriel afin de le rendre plus accessible : « On ne peut plus accepter la situation d'opacité, nous avons mis en place une agence d'intermédiaires devant être opérationnelle prochainement et trouver une solution au prix du foncier. » M.Belkhadem défendra en outre l'option de privatisation qui, dit-il, « n'a toutefois pas donné les résultats attendus ». Le même responsable politique annonce que cette opération a permis d'engranger 106 milliards de dinars et, de ce fait, elle est appelée à voir sa cadence s'accélérer. Interrogé sur la partialité de l'administration et les salaires, le SG du FLN estime qu'une mise à niveau de l'administration s'impose. La revalorisation des salaires de la Fonction publique est une des barrières contre la corruption, dira l'invité du FCE, en notant que des difficultés se sont fait ressentir sur le terrain pour l'application de cette revalorisation. « Nous avons trouvé dans les statuts particuliers découlant du statut général de la fonction un certain nombre de problèmes, notamment dans la grille des salaires à appliquer », estime M. Belkhadem qui ajoute : « Il y a une véritable anarchie dans la loi sur les salaires que nous avons héritée au fil des années. » Le chef du gouvernement dira que l'incohérence existant dans ce « magma » des salaires a conduit à l'apparition de plus de 40 valeurs du point indiciaire. Le même responsable annoncera que compte tenu des difficultés, le texte de loi ne sera effectif qu'à partir de l'automne prochain. Sur le chapitre du marché parallèle, l'invité des patrons considère qu'une révision de l'appareil administratif s'impose : « Il faut moderniser les douanes, le fisc, l'inspection financière pour un contrôle efficient et efficace. » Evoquant le cas des travailleurs chinois qui se transforment en commerçants, M. Belkhadem indique que les pouvoirs publics travaillent sur un encadrement des échanges avec la Chine : « Il ne faut pas que ces échanges soient pollués par la contrefaçon. »