Qu' y avait-il de tellement grave pour inciter les initiateurs de la journée d'étude sur l'apprentissage organisée samedi dernier à Annaba à ne pas permettre aux représentants de la presse d'y assister ? Présidée par El Hadi Khaldi, ministre de la Formation et de l'Enseignement professionnels, en visite de travail et d'inspection, elle avait pour thème « La formation par l'apprentissage ». Aucune information sur le programme de cette visite n'avait circulé. L'on avait même implicitement laissé entendre aux journalistes que leur présence n'était pas souhaitée. Ce dont le ministre n'était certainement pas informé. Lors de son intervention d'ouverture de la journée, El Hadi Khaldi n'avait pas cessé d'interpeller les représentants de la presse sur la nécessité d'apporter leur contribution à la réussite de nombreuses actions que son département envisage de lancer. « Le programme de cette visite de travail du ministre a été élaboré uniquement pour les destinataires d'une invitation officielle adressée par notre direction. Les journalistes ne figuraient pas sur la liste. On les a exclus à dessein pour éviter qu'ils soient contactés par des entrepreneurs mécontents ou des travailleurs du secteur victimes d'injustices. Le simple fait de ne pas programmer la visite par le ministre du centre de formation de Kouba, le plus ancien de la wilaya, est révélateur de ce qui se passe dans notre secteur à Annaba », ont affirmé plusieurs membres de la section syndicale et des travailleurs. Bon nombre de ces derniers sont sous contrat à durée déterminée. Pourtant, le ministre était arrivé ouvert à la communication et animé d'une réelle volonté de donner à son département les moyens indispensables à sa politique. Il l'a prouvé en annonçant les mesures que son ministère entreprendra. Il s'agit notamment de l'élaboration d'un guide de formation par apprentissage, du renforcement de l'information en direction des jeunes et de leurs parents, prise de mesures adéquates permettant la découverte de l'entreprise, la reconnaissance du rôle formateur de l'entreprise, la diversification de la formation par l'apprentissage, la valorisation du statut de l'apprenti, l'amélioration des conditions matérielles des apprentis, l'allègement des contraintes administratives, l'amélioration de l'articulation entre les entreprises et les centres de formation. A Annaba, la démarche du représentant du gouvernement se voulait en prise avec la réalité du terrain. Il l'a clairement souligné dans son mémorandum lorsqu'il a affirmé : « Conscient de tous ces enjeux, et dans le souci de réhabiliter le dispositif de la formation par l'apprentissage, le ministère de la Formation et de l'Enseignement professionnels lance une large consultation en direction des partenaires à l'effet de déterminer, avec précision, les raisons qui sous-entendent les blocages rencontrés aussi bien par les jeunes apprentis que par les entreprises. De même que pour cibler les axes prioritaires sur lesquels reposera la refondation de ce type de formation pourtant le plus efficace et le moins onéreux. » C'est à l'institut de Bouhdid que le ministre sera réellement confronté à la réalité du terrain. Dans ce centre, l'on avait tenté de cacher de sa vue des équipements neufs jamais utilisés depuis leur acquisition. Poussiéreux, habités de toiles d'araignée, sans entretien, défectueux, ces équipements avaient coûté plusieurs millions de dinars au Trésor public. Ils s'étaient offerts aux yeux de toute la délégation ministérielle et des autorités locales à la demande du ministre qui, par un arrêt surprise devant un hangar hermétiquement fermé, commettait une entorse au programme de la visite préétabli. Son « Ouvrez-moi ça » a été suivi d'une colère réelle à la mesure de la découverte des conséquences de la mauvaise gestion de son département dans la wilaya de Annaba. « Une commission d'enquête doit être dépêchée immédiatement à l'effet de situer les responsabilités dans ce gaspillage », ponctuera la visite de ce centre et beaucoup d'autres. Et si un satisfecit a été attribué au directeur du centre de Hadjar Dis inauguré en 2001 pour le bon entretien des lieux et des équipements de formation, l'ensemble des centres étaient dans un état de délabrement très avancé.