Du dissident chinois du plus profond des pires dictatures communistes au cadre séditieux de la puissante multinationale Nestlé dans la France tranquille du CAC40, le blog (site web personnel) constitue de plus en plus le meilleur moyen pour contourner les censures et les atteintes aux libertés à travers le monde. Pour l'organisation Reporters sans frontières (RSF), les régimes les plus autoritaires cherchent à se doter de technologies pour briser l'élan des bloggers. Avec la complicité des grandes sociétés d'internet américaines, Pékin allie une cyberpolice pléthorique - on parle de dizaines de milliers de « cyberflics » - à des logiciels de censure sophistiqués. Avec moins de moyens mais avec tout un arsenal juridique répressif, le Viêt-nam a suivi l'exemple du grand frère chinois. Plus coriace, notre voisin tunisien, dont la blogosphère dissidente reste l'une des plus dynamiques du monde arabe – avec celle d'Egypte – et où le pouvoir de Ben Ali exerce à travers la famille du président un total monopole sur les fournisseurs internet. Ici aussi, c'est le bagne pour les bloggers. Sans appel. A signaler des exemples de bons blogs tunisiens comme http://yahyaoui.blogspot.com ou http://moujira.blogspot.com. L'Iran, pour sa part, détient le record de bloggers interpellés et emprisonnés de l'automne 2004 à l'été 2005. A Téhéran, quatre « cyberféministes » ont été condamnées, en mars dernier, à des peines de prison pour avoir réclamé publiquement une amélioration de la condition de la femme en Iran. Elles sont notamment punies pour avoir utilisé internet pour organiser leur mouvement, faire circuler leurs revendications et dénoncer les atteintes aux droits des femmes dans le pays. Cuba a réglé radicalement la question : l'accès au web reste le privilège d'une petite caste. En Arabie Saoudite, en bon régime liberticide, l'agence gouvernementale chargée d'« assainir » le web, l'Internet Service Unit (ISU), est fière d'annoncer qu'elle bloque près de 400 000 sites, grâce à une entreprise américaine, Secure Computing et encourage la délation par email. En Egypte, la peine de quatre ans de prison a été prononcée en février 2007 à l'encontre d'Abdel Karim Suleiman, un blogueur égyptien, pour insulte à l'Islam et au président Moubarak. Toujours en Egypte, le juge Abdel Fattah Mourad aurait demandé au gouvernement de bloquer l'accès à 21 sites et blogs égyptiens, comme l'a rapporté le journal Rozal Youssef le 2 mars 2007. Parmi les sites que le juge Mourad, qui préside la cour d'appel d'Alexandrie, a demandé la fermeture figurent ceux des journaux Nahdat Misr et Al-Ghadd et ceux de HRinfo, de Kefaya, de Good News Company, de l'Egyptian Initiative for Personal Rights (EIPR), de l'agence de presse irakienne ainsi que des blogs dont Annals of the Trees Owner, One of the Humans, Egyptian Girl, The Nation is Fatima mais aussi d'autres sites d'informations ou traitant des droits de l'homme. Il considère que le contenu de ces sites ternit la réputation de l'Egypte et constitue une insulte envers son président. A travers le monde, souligne RSF, 65 cyberdissidents sont emprisonnés, dont 50 en Chine.