Ce n'est pas sans raison que l'on a surnommé El Oued « la Ville aux mille coupoles ». Ce nombre a pratiquement quintuplé au rythme des nouvelles constructions. Ces coupoles ont leur utilité. Elles sont à l'origine de la fraîcheur qui caractérise les habitations. Il s'agit d'un style arabo-musulman qui date de la nuit des temps avec ses piliers, arcades, cours intérieures, patios et les fameuses coupoles. Originalité également de par les matériaux utilisés. Pour la construction, l'on fait rarement appel au ciment. En quantité importante, le gypse s'offre à faible coût pour des réalisations en dur. L'écrivaine suisse Isabelle Eberhardt, convertie à l'Islam avant son décès en Algérie, ne s'était pas trompée. Elle qui, durant son séjour au début du XXe siècle, avait été subjuguée par la beauté du site d'El Oued. En 2005, dans le cadre de l'opération amélioration du cadre de vie des habitants, lancée à l'initiative de la wilaya, des arcades ont été réalisées dans les plus importantes artères de la ville. Amélioration du cadre de vie mais aussi tentative de prise en charge des préoccupations de la jeunesse. Particulièrement le chômage avec un taux élevé comme nulle part ailleurs à travers le pays. C'est pourquoi la réalisation des 100 locaux commerciaux par commune est suivie avec une réelle attention, voire impatience. Hormis les 300 récemment achevés à Guemmar, Hassi Khelifa et Douar El Ma et en instance d'attribution, les travaux des 2700 autres sont avancés à 40%. La wilaya a également bénéficié en 2005 d'un programme pour la réalisation de 800 logements (500+300). En 2007, 190 ont été totalement achevés. Seul le secteur privé intervient dans le bâtiment et les travaux publics. En matière de transport, la wilaya est bien desservie. Outre le transport aérien desservi par l'aéroport de Guemmar, des transporteurs en commun, collectifs et taxis assurent quotidiennement et fréquemment des liaisons entre la majorité des régions du pays. En l'absence de loisirs, l'oisiveté ronge les jeunes. Et si la seule salle de cinéma El Acil est fermée depuis des années, l'unique bibliothèque ne peut suffire à toute la jeunesse de la commune. Situation paradoxale quand on sait qu'à El Oued est implantée l'une des plus importantes universités du pays. Necib Abdelkader, le P/A P W à majorité FLN, a conscience de ce problème important. « Depuis le début de notre exercice, nous avons à cœur de régler les problèmes dans notre cité. C'est ainsi que nous avons matérialisé le projet d'assainissement,réalisé et équipé de nombreuses infrastructures sportives, de détente et de loisirs. Grâce à un don accordé par la République de Cuba, nous avons réalisé un grand hôpital ophtalmologique qui devrait être achevé en août 2007. Le réaménagement du centre hospitalier universitaire fait partie de nombreux autres acquis », affirme M. Necib. Faute d'occupation plus saine, les cafés maures (en nombre), où l'hygiène est à revoir, représentent pour les jeunes le seul refuge pour oublier l'ennui de tous les jours. Là, autour d'un café fait à base d'eau salée, les discussions sur le sport en général et le football en particulier sont animées. L'on ne comprend pas que l'équipe fanion, Olympic Club de El Oued, qui avait bien démarré la saison en régionale Est, soit aujourd'hui classée parmi les reléguables. L'on se pose des questions sur l'état des 6 piscines et de la date de réception des 2 autres en cours de réalisation. On égratigne au passage les pouvoirs publics. On leur reproche la mauvaise prise en charge des aspirations de la jeunesse, des 83 clubs sportifs, et des 81 associations culturelles. Mauvaise prise en charge aussi des infrastructures sportives et culturelles. A El Oued, la région des plus grandes palmeraies réputées pour sa datte Deglet nour peut couvrir 10 millions de palmiers, il y a la plus grande réserve phréatique. Malheureusement, il s'agit d'une eau au fluor nécessitant un traitement avec des moyens dont la wilaya ne dispose pas. Le sol, qui contient la plus grande réserve de sel de table et industriel d'Afrique, est riche en matériaux pour la fabrication de la brique et du gypse. Montures de rêve et légendaires, montures mystérieuses aux grandes foulées sur le sable chaud du désert, les dromadaires sont un patrimoine dont nul habitant d'El Oued ne voudrait s'en départir. Sa démarche majestueuse plaît aux touristes nationaux et étrangers de plus en plus nombreux à visiter la région ces dernières années. Les capacités d'accueil sont insuffisantes. C'est une des causes qui font que le développement du tourisme n'a toujours pas atteint son vitesse de croisière. El Oued a gardé son originalité de ville éclairée par les étoiles du ciel des douces nuits sahariennes. Contes de fées ou de djinns, légendes des mille et une nuits, El Oued est hospitalière. La criminalité est une formulation que l'on a tendance à ne pas citer dans… la cité. Une toute petite délinquance, quelques actes de vols isolés commis par des délinquants de passage, venus principalement des villes du nord ou de Biskra. Il est rare d'entendre quelqu'un vociférer ou exprimer des propos qui blessent les oreilles des passants. C'est à croire que la chaleur ne monte pas à la tête des habitants de la wilaya d'El Oued. Sur le visage de ces derniers, le sourire est permanent tout autant que la bonne parole et les souhaits de bienvenue sur les lèvres avec les mains tendues offrant le lait de chamelle et la datte. La découverte d'une importante réserve de pétrole encore non exploitée inquiète beaucoup plus qu'elle ne tranquillise. « La ruine de notre pays est le pétrole. Sa rente nous a inculqué la sinécure et la fainéantise. El Oued a toujours vécu de ses potentialités agricoles avec l'une des plus importantes palmeraie au monde avec 2 626 427 palmiers recensés à fin mars 1997, 25% de la production nationale en tabac, l'arachide et la pomme de terre », affirme Tidjani Lazhar, également fonctionnaire au ministère de l'Education. Cet ancien DEC habite une petite habitation tout ce qu'il y a de modeste. Une agriculture en net développement malgré le problème que pose l'irrigation. Que ce soit en bovin, ovin, caprin, aviculture et autres animaux domestiques, l'élevage y est aussi très développé. Dans la wilaya d'El Oued, la vie culturelle est limitée à des manifestations de conjoncture. Les traditions des belles années comme le jeu de l'arc à base de plante de palmeraie et de balles faites en tissu de laine, le ski sur dune, el ghotassia où la tête dans l'eau d'un bassin pour collecter le plus grand nombre de dattes, le jeu achoura (laabet achoura), la course des ânes, le jeu d'échec… se sont perdus sous le poids d'un quotidien de plus en plus difficile. Fini le temps où les touristes nationaux et étrangers étaient accueillis au son de la zorna, cornemuse, du bendir et du tbal. Perdu aussi l'habit traditionnel qui faisait la fierté des hommes et des femmes de Oued Souf et de Oued Righ. Bien piètre mine, aujourd'hui, que présente ce musée communal où s'égare l'histoire millénaire de cette région écrite par des milliers d'écrivains et de poètes. A El Oued, la culture ne semble plus être en odeur de sainteté comme elle l'était avant. Pour preuve, le droit de savoir et de s'informer est ignoré. Sinon, comment se fait-il que leur wilaya non desservie en titres de presse, les autorités locales n'aient pas réagi. Depuis 2003 à ce jour, c'est une personne originaire de Biskra qui fait quotidiennement la navette en taxi pour écouler des quotidiens à 15 DA et des hebdomadaires à 25 DA. « Que les éditeurs se mettent d'accord pour recruter ce revendeur et lui donner un moyen de locomotion pour la distribution des journaux jusqu'à Touggourt à partir de Biskra ou de Constantine. Nous avons l'impression que les patrons de journaux n'ont d'yeux que pour le Nord et rien pour le Sud rarement cité dans les articles de presse en langue nationale ou en français », telle est l'unanimité qui s'est dégagée auprès de la majorité des correspondants et des collaborateurs de différents titres de presse.