Sur les hauteurs de l'Edough comme du côté de Aïn Barbar, le temps est à la levée du liège. Dès l'aube et malgré le Ramadhan, des leveurs de liège sont là pour travailler sur le chêne-liège et lever les quelque 5000 q auxquels annuellement ils ouvrent droit. De 500 DA, le prix du quintal a atteint aujourd'hui les 10 000 DA. D'où, à l'ombre d'un inhabituel chaud soleil d'octobre, cette hargne que tout un chacun des leveurs met pour faire craquer l'écorce de chêne dans cette région de Séraïdi et de Aïn Barbar riche de cette matière. Des camions de différents tonnages s'en emparent aussitôt pour un transport vers des destinations inconnues. A Annaba, dans le massif de l'Edough en particulier, bien que presque en catimini, l'activité du liège est florissante stimulée qu'elle est par la demande du marché à l'exportation. A la fin des années 1990, le quintal valait 250 euros à l'export. Bien que d'apparence marginale, la levée sous le contrôle des services des forêts, le transport et la commercialisation du liège faisait vivre plus de 2000 personnes. Une exploitation anarchique et l'absence d'entretien induite par le problème sécuritaire a porté un coup fatal à la filière du suber dans la région. « Il est malheureux que l'on ne puisse exploiter judicieusement cette richesse. Le suber de l'Edough s'est développé ces dernières années en tant qu'espace d'abord, comme écosystème rare ensuite. Il nécessite la mise en route de mesures pour sa préservation », a estimé Abderahmane S. Il faut dire que la crise de ces dernières années a laissé le suber de l'Edough dans un état de dégradation préjudiciable à son avenir et favorable au développement des incendies. D'où l'urgence d'un programme d'action pour son entretien permanent. « Il faut dire que le métier de leveur de liège a totalement disparu. De nombreux chênes ont été littéralement massacrés par des leveurs inexpérimentés. Il faut savoir que l'extraction de l'écorce, effectuée au moyen d'une hachette dont le manche sert de levier, doit absolument préserver la couche génératrice du liège appelée la mère. Abîmée, blessée, cette fine pellicule n'est plus en mesure de régénérer l'écorce protectrice et l'arbre meurt victime de parasites », a argumenté notre interlocuteur.