Les habitants du village Rabta s'impatientent. L'écho de leur colère ne semble pas arriver au chef-lieu de la commune d'Azazga, distant d'une dizaine de kilomètres. Le réseau d'assainissement traversant le village a éclaté depuis 5 ans, sans que les travaux nécessaires pour sa réfection ne soient entrepris. Il s'agit du rejet principal du village voisin de Aït Bouadda (6 000 h). Les eaux usées sont déversées à l'air libre. Rabta voit ses terres progressivement gagnées par la pollution, menaçant les riverains et détruisant la piste aménagée par les villageois. La conduite est déjà détruite sur 300 m, et cela remonte vers le centre du village et finira par éventrer en totalité le réseau si une opération énergique n'est pas lancée pour refaire les travaux dans les normes. Pour l'heure, les responsables n'ont pas prêté une oreille attentive à la requête pressante des villageois. « Nous irons occuper l'APC si on ne règle pas ce problème dans les meilleurs délais », lancent les membres du comité du village. « Nous sommes en train d'attendre les services techniques. C'est la troisième fois qu'ils nous annoncent leur déplacement sur les lieux », ajoutent les citoyens en colère. La protection de la santé publique et la préservation de l'environnement apparaissent comme une préoccupation des citoyens de base plus que celle des responsables du secteur ou des autorités en charge des affaires publiques. Beaucoup a été consenti par les villageois pour améliorer leur cadre de vie. Aujourd'hui, ils se sentent abusés et oubliés : « On nous a contraints de prendre en charge nous-mêmes l'ouverture de la piste en contrebas du village avant de réaliser la conduite d'assainissement. Nous l'avons fait, et deux ans plus tard, le rejet éclate et détruit chaque jour cette piste que beaucoup de villageois ne peuvent plus emprunter, obligés de faire un long détour pour rejoindre leurs foyers ou leurs terres. Un ouvrage (regard) réalisé au centre du village est sous-dimensionné et déborde sur la route à chaque averse. » Les chaleurs arrivent, et les risques sanitaires planent sérieusement sur le village. Une situation qui engage la responsabilité des autorités locales. Au chapitre AEP, le village n'est pas mieux loti. Les coupures d'eau durent plus d'une semaine en plein hiver, et atteignent un mois en été. Corrodé et fragilisé par des éboulements, le réseau AEP connaît des ruptures à répétition. Là aussi, une opération de rénovation s'impose, afin de tirer le village du cauchemar de la soif. Autre problème signalé par les villageois, le sort des écoliers qui empruntent une piste accidentée pour rejoindre l'école primaire à Aït Bouadda, située en amont. Depuis que le ramassage scolaire leur a été retiré, les dizaines d'élèves vivent en silence cette éprouvante situation, contraints de remonter à pied une pente de 2 km. L'aménagement de la route des écoliers ne coûterait qu'un peu de volonté à une commune aussi riche qu'Azazga.