Votée dans la nuit de mardi à mercredi, la résolution 1397 de l'ONU réévoque, enfin, l'Etat de Palestine. La terreur imposée par l'armée israélienne dans les territoires palestiniens occupés, va-t-elle enfin faire sortir la communauté internationale de la léthargie où elle se complaisait depuis le début de la guerre de Sharon contre le peuple palestinien en septembre 2000? Au moment où l'armée israélienne réoccupe Ramallah, la capitale de l'Autorité autonome palestinienne, occasionnant la mort d'une cinquantaine de Palestiniens et d'un journaliste italien, durant les journées de lundi et mardi, des voix autorisées s'élèvent finalement contre le carnage que subit tout un peuple. Sortant de son mutisme, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, dans une déclaration devant le Conseil de sécurité mardi, avant sa réunion sur la situation au Proche-Orient, avait dénoncé la «violence effroyable» qui caractérise les territoires occupés. Estimant que «la situation n'a jamais été pire depuis dix ans», et que «l'échelle du carnage est horrible» Kofi Annan affirme: «Dans un temps comme celui-là, je pense que je dois m'adresser directement aux dirigeants et aux peuples des deux côtés.» Soulignant: «‘‘Aux Palestiniens, je dis: Vous avez le droit inaliénable à un Etat viable à l'intérieur de frontières sûres et internationalement reconnues, mais vous devez mettre un terme à tous les actes de terreur et aux bombes suicide; Aux Israéliens, je dis: «Vous avez le droit de vivre en paix et en sécurité à l'intérieur de frontières internationalement reconnues, mais vous devez mettre un terme à l'occupation illégale et, encore plus urgemment, vous devez arrêter le bombardement des zones civiles, les assassinats, l'emploi non nécessaire de la force létale, les démolitions (de maisons) et les humiliations quotidiennes des Palestiniens ordinaires''.» Enfin conclut le secrétaire général de l'ONU, «aux dirigeants des deux parties, je dis: «Vous pouvez encore éloigner vos peuples du désastre.» C'est dans ce contexte que le Conseil de sécurité, qui s'est réuni à le demande des Palestiniens pour examiner la situation au Proche-Orient, a adopté par 14 voix et une abstention (celle de la Syrie) une résolution (la résolution 1397) présentée à l'initiative des Etats-Unis. Le texte, tout en exigeant «la fin immédiate de tout acte de violence, ce qui implique toute forme de terreur, de provocation, d'incitation et de destruction», se déclare dans le même temps «attaché à la vision d'une région dans laquelle deux Etats, Israël et la Palestine, vivent côte à côte, à l'intérieur de frontières reconnues et sûres.» Ce qu'affirment les différentes résolutions de l'ONU, et singulièrement le document du processus de paix inscrit dans l'accord d'Oslo entre Israéliens et Palestiniens, mais cela valait bien la peine d'être réitéré. Car, si la situation s'est compliquée au Proche-Orient, cela est dû essentiellement à la prétention d'Israël d'avoir la paix et la sécurité sans pour autant céder les territoires arabes et palestiniens qu'il occupe depuis 1967. La résolution 1397 constitue indéniablement une avancée, mais il reste à ce que l'ONU fasse se conformer Israël aux résolutions de l'ONU et également à faire honorer, par l'Etat hébreu, ses engagements dans le processus de paix. Tel demeure le fond du conflit israélo-palestinien.