Abdelghani Djerrar, patron de la Sarl Tonic Emballage, a quitté hier l'établissement pénitentiaire de Serkadji, apprend-on auprès de ses avocats. Ces derniers ont plaidé, dimanche, sa mise en liberté provisoire devant les magistrats de la chambre d'accusation près la cour d'Alger, lesquels l'ont accordée après des délibérations qui se sont terminées tard dans la soirée. Ce n'est qu'hier matin que Djerrar Abdelghani, placé sous contrôle judiciaire, a retrouvé sa famille. Contacté, son avocat, Me Zeraïa, a affirmé que c'est le « droit qui a primé dans la mesure où la chambre d'accusation a estimé que la mise en liberté de Djerrar ne pouvait gêner l'instruction ». L'avocat s'est déclaré « confiant » quant à l'issue du dossier, notamment « depuis l'installation » du séquestre judiciaire à la tête de la Sarl. Il est à rappeler que l'incarcération de Abdelghani Djerrar, PDG de Tonic Emballage, est intervenue après le dépôt, le 3 mai 2007, d'une requête par les avocats de la Badr auprès du doyen des juges d'instruction près le tribunal d'Alger. Celle-ci porte sur « les anomalies » relevées dans la gestion de la Sarl Tonic Emballage et qui, à en croire la banque, « compromettent » le remboursement des créances estimées à 65,5 milliards de dinars sur la période comprise entre 2000 et 2005. Un constat prévisible dans la mesure où l'échéance accordée par la Badr à Tonic Emballage (5 ans) venait d'expirer à la date du 30 avril dernier. « Le délai imparti par la Badr à Tonic, dans le cadre de la dernière convention portant sur les échéances de paiement de la dette, a pris fin le 30 avril 2007 et la société n'a pas respecté ses engagements. Ce qui a poussé la banque a déposer sa requête auprès du juge », déclare notre interlocuteur. D'autres sources affirment pour leur part que c'est la Banque d'Algérie qui a accéléré les événements en actionnant la justice contre ce qu'elle a appelé le groupe Tonic, avec l'ensemble de ses filiales. Il est reproché à ce dernier d'avoir bénéficié de crédits « sans garanties suffisantes » alors que la plainte de la Badr ne concerne que la Sarl Tonic. L'avocat de la société privée souligne la disponibilité des dirigeants à respecter leur engagement et à honorer leurs dettes, « mais pour peu que la banque accepte un nouvel échéancier d'au moins 15 ans, du fait de l'importance des investissements ». Pour lui, Tonic a déjà remboursé 11 milliards de dinars et le reste le sera « grâce aux activités de la nouvelle unité sur le point d'être inaugurée ». Néanmoins, de nombreux spécialistes se sont interrogés sur les raisons qui ont poussé la Badr à accorder des sommes aussi colossales, en un espace de temps très réduit, sans prendre la peine de s'assurer des capacités de remboursement de son client. Là est le fond du dossier de Tonic Emballage.