Les employés de la Société de distribution des détergents (SODIGE) ne décolèrent pas. Leur entreprise, localisée à Hussein Dey (Alger), est « en cessation de paiement depuis 2006 », selon le secrétaire général du syndicat d'entreprise, M. Himrane, qui pointe le doigt vers les responsables qui se sont succédé à la tête de la SODIGE. Il accuse ces derniers de « mauvaise gestion » avant de préciser : « Nous déposerons une plainte contre les gestionnaires et nous exigeons une commission d'enquête de la tutelle », soutient-il. Créée en 2000 après la restructuration de la société mère EPE Diprochim SPA et relevant du portefeuille Chimie et Pharmacie (SGP GEPHAC spa), « la SODIGE détient pourtant des créances qui s'élèvent à plus de 400 millions de dinars et nous exigeons leur recouvrement », dira-t-il. Il considère que les gestionnaires de l'entreprise étaient indulgents avec les clients, au mépris de la réglementation, en leur louant des locaux commerciaux, « sans qu'aucun acte notarié soit rédigé ». Pis, il affirme que les débiteurs ne s'acquittent pas de leur loyer quand ils n'adressent pas des chèques en bois à la société. « La BEA, notre banque domiciliatrice, a décidé de bloquer nos comptes, exigeant la régularisation du découvert bancaire qui est de l'ordre de 300 millions de dinars. Même les fournisseurs traditionnels (Henkel et ENAD) ont procédé au blocage des approvisionnements au regard du volume important des dettes, estimées à 200 millions de dinars », indique M. Himrane. Contacté, le directeur général de la SODIGE, M. Saïdani, en poste depuis deux ans, qualifie les propos du syndicaliste de « ragots ». Pour lui, d'une part, le syndicat en question est « non représentatif » des travailleurs de l'entreprise. D'autre part, il explique la montée au créneau de ces syndicalistes par leur « demande pressante de revoir la grille des salaires ». « On ne peut engager la révision des salaires du fait que l'entreprise est en cessation de paiement », a-t-il enchaîné. Quoi qu'il en soit, le syndicat reproche aux responsables la signature d'une convention avec un bureau d'avocats. « Un forfait mensuel est versé à l'avocat-conseil en plus des émoluments qu'il touche pour chaque affaire traitée. L'entreprise pouvait faire l'économie d'une pareille procédure. Un service contentieux pouvait s'occuper seul des questions juridiques », soutient le syndicaliste, en assurant que derrière ces opérations se cachent des « visées plus personnelles ». Face à ces difficultés que traverse l'entreprise, le DG préfère s'en remettre au dossier de privatisation. « La seule alternative possible est le dossier de privatisation envoyé au Conseil des participations de l'Etat (CPE) », a-t-il déclaré sans omettre de reconnaître : « Nous ne pouvons procéder à l'hypothèque au profit de la BEA. » Selon le syndicat d'entreprise, « un opérateur espagnol a introduit un dossier de reprise au niveau des SGP. Le dossier de reprise ayant été jugé recevable, la SGP en relation avec la société a entamé des négociations qui ont abouti à une offre finale validée au mois d'octobre 2006 par le conseil d'administration », signale-t-il, tout en indiquant qu'une inquiétude s'est installée en raison des salaires impayés depuis trois mois.