Nicolas Sarkozy prendra ses fonctions 16 mai. Le mandat de Jacques Chirac expire officiellement le 17 mai à minuit. La passation de pouvoirs se déroulera donc la veille. Paris. De notre bureau Le moment de la passation de pouvoirs revêt un caractère très officiel pour deux raisons : c'est le moment où Nicolas Sarkozy recevra des mains du grand chancelier de la Légion d'honneur le grand collier de l'ordre national, la plus haute distinction de la Légion d'honneur. C'est aussi à cette occasion que se transmet le secret du feu nucléaire et de ses codes. Dans la foulée, Nicolas Sarkozy devrait nommer son Premier ministre et annoncer la composition du prochain gouvernement. Au menu de son premier jour à l'Elysée, Nicolas Sarkozy a inscrit une discussion avec les partenaires sociaux à qui il proposera de tenir quatre « sommets » en septembre prochain sur l'égalité salariale homme-femme, le contrat de travail unique, l'amélioration des conditions de travail et enfin la démocratie sociale. Le deuxième jour, il préparera pour septembre un « Grenelle de l'environnement » avec les ONG, les industriels et les partenaires sociaux. Sa première priorité sur le plan international est de rassurer ses partenaires européens, inquiets sur ses attaques contre la Banque centrale européenne (BCE). Dès la première semaine, il effectuera un voyage à Berlin et à Bruxelles pour préparer le conseil européen des 21 et 22 juin pour participer à sortir l'Europe de la crise dans laquelle elle est plongée depuis le « non » français au référendum du 29 mai 2005. Il propose de surmonter ce rejet par un « mini-traité » limité aux questions institutionnelles et adopté par la voie parlementaire avant 2009. Sur l'agenda du nouveau président, le premier grand rendez-vous international sera le sommet des chefs d'Etat du G8 à Heiligendamm, dans le nord-est de l'Allemagne, du 6 au 8 juin. Ce devrait être sa première rencontre, en tant que président, avec George W. Bush et Vladimir Poutine. Sur le plan interne, tout dépendra des résultats des législatives, prévues les 10 et 17 juin. S'il obtient la majorité, le nouveau Parlement adoptera les premiers projets de loi au cours d'une session extraordinaire en juillet : défiscalisation des heures supplémentaires, suppression des droits de succession pour les patrimoines petits et moyens, déduction des intérêts du revenu imposable sur l'achat de logements, durcissement des règles du regroupement familial pour les étrangers et mise en place de peines plancher pour les multirécidivistes. Les 100 jours de Nicolas Sarkozy risquent d'être trop courts pour réaliser tout son programme. Avant la fin de l'année, le nouveau président prévoit aussi une loi interdisant les « parachutes dorés » et une autre sur le service minimum dans les transports. Le « plan Marshall » des banlieues devrait aussi être lancé dès l'été, avec pour ambition d'offrir une formation ou un emploi à 250 000 jeunes. A plus long terme, Nicolas Sarkozy s'est engagé à réduire de quatre points en dix ans les prélèvements obligatoires et à parvenir « au plein emploi » d'ici à 2012. Pour cela, il entend notamment créer un contrat de travail unique à durée indéterminée et instaurer une « sécurité sociale professionnelle » qui permettra aux victimes d'un licenciement économique de suivre une formation ou de retrouver un emploi. D'autres chantiers, toujours sur le plan international, s'imposeront à lui. Il aura à gommer son penchant atlantiste, modérer son amitié pour le Likoud — il est le seul homme politique européen à « comprendre » la guerre contre le Liban, et aussi à rassurer le monde arabe sur la volonté de poursuivre la politique française dans cette région du monde. Le traité d'amitié franco-algérien risque de disparaître brutalement. Le nouveau locataire de l'Elysée a basé sa politique sur « la non-repentance », la réhabilitation des harkis et même de l'OAS. Autant d'obstacles à une relation apaisée entre Paris et Alger.