Le gouvernement est résolu à tout mettre en œuvre pour préserver les capacités productives installées de Tonic Emballage dont le patron est emprisonné à Serkadji (Alger) depuis jeudi dernier, a déclaré, avant-hier, le ministre des Finances, Mourad Medelci, au quotidien arabophone El Khabar. En marge du 3e Forum international de la finance, le représentant de l'exécutif a rassuré les 4 000 travailleurs (statistique de l'entreprise) que compte le complexe papetier en soulignant que « l'accent sera mis sur la préservation de la main-d'œuvre pour éviter toute perturbation et assurer le maintien de l'activité ». Ainsi, l'exécutif, par la voix de son ministre des Finances, écarte l'éventualité même de recourir à la fermeture des usines de Bou Ismaïl (40 km à l'ouest d'Alger). Dans le sillage de cette même affaire, le grand argentier du pays s'est abstenu de dévoiler les motifs de l'arrestation de Abdelghani Djerrar, patron de la Sarl Tonic Emballage. Il est utile de préciser à ce propos que ce qui est communément appelé le « Groupe Tonic » n'a, en fait, aucune existence juridique. Il s'agit d'un ensemble de Sarl à la personnalité morale indépendante activant sous le secteur de l'industrie papetière. Ce n'est peut-être pas fortuitement que le ministre des Finances a annoncé, lors de son allocution d'avant-hier, la finalisation d'un projet de loi relatif à la fiabilisation de l'information comptable et de certification des comptes des Sarl (Société à responsabilité limitée) par les commissaires aux comptes habilités en application des dispositions de la loi des finances complémentaire 2005. La seule indication voulue par Mourad Medelci à notre confrère est celle affirmant que cette nouvelle affaire « diffère » des précédentes. En quoi ? Rien n'a filtré. Cela étant, en s'interdisant de révéler la partie plaignante et les raisons de la mise sous mandat de dépôt, M. Medelci laisse planer le doute. Y aurait-il d'autres griefs à l'encontre de Djerrar au-delà de cette affaire de dettes non remboursées à son bailleur de fonds ? De son côté, la Banque de l'agriculture et du développement rural (BADR) s'est murée depuis cinq jours dans le silence, se retranchant derrière le devoir de réserve qu'impose une affaire pendante devant la justice. Pour sa part, l'avocat de Abdelghani Djerrar, Me Zeraïa s'exprimant sur les colonnes d'El Watan (édition du samedi) avait dit ignorer les raisons ayant conduit le juge d'instruction à mettre son client en détention alors que, affirme-t-il, un « accord final » entre les deux parties (Tonic et BADR) avait été conclu la veille. Pour rappel, la Badr a octroyé à Tonic Emballage entre 1999 et 2005 des crédits s'élevant à 65,5 milliards de dinars. Installé en septembre 2005, le nouveau PDG de la BADR entame son travail avec fracas en mettant sur la place publique le dépassement des échéances de remboursement des crédits octroyés à cette entreprise. S'en suit le dépôt d'une plainte sans pour autant fermer les voies d'un règlement à l'amiable. Mis sous contrôle judiciaire, le patron de Tonic Emballage a été mis jeudi dernier en prison, à Serkadji. Son sort reste entre les mains de la justice.