Il est souvent malaisé de faire ses emplettes en cette période de jeûne dans le marché du centre-ville qui connaît un grouillement particulier. Il ne se trouve presque pas d'espace qui ne soit d'ailleurs occupé par des vendeurs occasionnels jusqu'à investir les rues adjacentes et les accès au marché. Parmi les commerces qui prolifèrent, il est aussi observé la présence d'un type de commerce qui est en passe de prendre une rue : la vente de tabac à chiquer. En effet, et contrairement à ce qu'on pourrait croire, le produit proposé n'est pas celui fabriqué par la Société nationale des tabacs et allumettes, mais provient d'une multitude de préparateurs. Prisée par une catégorie d'amateurs, la chique « traditionnelle » est recherchée non seulement pour son prix qui défie toute concurrence mais aussi pour ses qualités. Au nombre des qualités reconnues, celle de répondre aux critères de couleur et d'odeur qui renseignent sur la teneur en tabac à même de satisfaire les sens olfactifs et les glandes salivaires des amateurs. Concernant le critère relatif à la couleur, la chique ainsi vendue peut revêtir plusieurs couleurs allant du vert au gris-brun. Les couleurs dépendent des ingrédients mélangés à la feuille de tabac au moment de la préparation. D'ailleurs, les vendeurs de chique ne manquent pas d'ingéniosité pour convaincre le client et consentir un rabais jusqu'à vendre la boîte de chique à 5 DA. L'on nous expliquera que la fabrication de la chique ne relève pas d'un processus complexe puisqu'il suffit de piler une feuille de tabac dans un mortier et de la mélanger ensuite à de la cendre provenant de la combustion de certains types de bois. Pensant que les « chiqueurs » sont des personnes d'une autre génération, nous dûmes nous raviser en constatant que les acheteurs sont de tout âge, dont un grand nombre de jeunes. A voir ces nombreux amateurs se munir de boîtes et de sachets du produit, l'on est tenté de dire que la chique fait toujours un tabac !