La quasi-totalité de la façade maritime de la région, qui s'étale sur plus de 120 km, est parsemée de sites historiques anciens. Ces ruines qui datent de la période romaine ou punique, constituent une richesse inestimable que seuls les prédateurs et les spéculateurs semblent savoir apprécier. Parfois pour y prélever les précieux objets en tout genre qui y sont enfuis de puis plus de deux millénaires, parfois pour les sites où il se trouvent afin d'y ériger des baraques qui servent de résidences secondaires. Il y a une troisième catégorie de prédateurs que sont les faux investisseurs et les apprentis entrepreneurs. Les premiers tentent de profiter des sites et des plages pour y installer des parkings de fortune où, notamment durant les week-ends et l'afflux de vacanciers occasionnels, les places se monnaient jusqu'à 200 DA la journée. Les seconds, profitant de la cupidité et parfois de la complicité des responsables, n'hésitent pas à ouvrir des accès à des sites d'une rare beauté. Au passage, ils auront facturé le tuf sans lequel la circulation ne serait pas et en retour, ils y prélèvent du sable et parfois de la pierre qu'ils revendent à prix d'or. On a bien vu un entrepreneur prendre option pour un terrain de la plus grande importance, non loin de la corniche de Salamandre. Une fois les premières formalités administratives expédiées, on verra se ruer sur le terrain une véritable coulée de camions à la recherche de sable. Pendant plusieurs mois, la ronde des bulldozers et des camions bennes ne soulèvera que de la poussière. Ce n'est qu'une fois la roche mère mise à jour et la couche de sable parfaitement négociée au meilleur prix, que quelques intellectuels oseront tirer la sonnette d'alarme. Sur le site, on venait curieusement de mettre à jour la présence d'un site ancien datant de la préhistoire, sur lequel des fragments d'œufs d'autruche auront été découvert. Pour les spécialistes, l'existence de ce site ne faisait aucun doute. Qui a couvert son pillage ? Curieusement, il semblerait qu'uns fois le sable déplacé vers les chantiers de l'Algérois, le propriétaire du terrain aurait renoncé à son projet de construction immobilière. En 2002, il aura fallu deux articles de presse pour faire annuler un arrêté d'attribution du terrain qui borde la plage de Bahara, dans la commune de Ouled Boughalem. Le site en question renferme une cité marine avec même la présence d'un abri pour embarcation. Depuis quelques jours, un entrepreneur est en train d'ouvrir une piste d'accès à l'un des sites les plus prometteurs du littoral mostaganémois. Il s'agit de la plage de Chaïbia où les amateurs de plage déserte et de quiétude ne pouvaient accéder qu'avec difficultés. Sur plus de deux kilomètres, s'étendent des ruines romaines ou certainement puniques, voire arabes, où l'on pourrait mettre à jour et sauvegarder une importante cité de pêcheurs. Sous les dunes de sables qui bordent le rivage, des murs encore debout délimitent de véritables maisons. Si ces vestiges ont été sauvegardés jusqu'à nos jours, c'est en raison de leur inaccessibilité avérée. Mais que peuvent les dunes de sable contre des engins redoutables prêts à soulever des montagnes ? Absolument rien. Malgré la mise à jour de véritables amas de pierres anciennes, la démolition méthodique continue sans qu'aucun responsable de la commune ou de la daïra ne vienne mettre le holà.