Seules 5 listes sur les 30 en lice dans la wilaya de Béjaïa ont pu finalement se partager les 11 sièges mis en compétition dans une élection qui a été, une nouvelle fois, largement boudée par les électeurs. C'est le RCD qui en tire le plus grand bénéfice, en réussissant à placer quatre de ses candidats, réalisant en l'occurrence un score meilleur que celui des législatives de 1997, où le parti de Sadi s'était contenté de trois représentants à l'APN. La liste conduite par Djamel Fardjallah, numéro deux du parti dans l'ancien organigramme, a pu recueillir les suffrages favorables de près de 13 000 électeurs (12989 voix), dépassant la somme des suffrages dévolus au FLN et au RND réunis. Les deux partis de l'Alliance présidentielle se sont contentés chacun de 2 sièges, avec une petite avance pour le RND (6262) sur son rival (4932). Le FLN semble avoir payé la vive controverse qu'a soulevée la confection de sa liste et l'appel assumé par de nombreuses structures du vieux front localement, à voter « blanc ». Les voix perdues du parti sont peut-être à chercher parmi les 5252 bulletins nuls comptabilisés à l'issue du scrutin. La surprise vient du score réalisé par la liste indépendante « Fidélité » menée par Meziane Belkacem, président de l'APC d'Amizour, exclu l'été dernier des rangs du RCD. L'homme semble avoir tiré profit de la médiatisation de l'affaire l'opposant, d'une part, à un investisseur privé et à son ancien parti, d'autre part, comme le montrent les scores importants réalisés dans la localité d'Amizour. Sa liste constituée de noms qui postulent pour la première fois aux législatives a été donnée dans un premier temps comme ayant engrangé 2 sièges à l'APN avec 4629 voix, avant que les services de wilaya ne revoient leurs calculs, permettant du coup à Madjid Bektache, engagé sur une liste ANR, de se voir élire député. Le président de I'APC de Darguina, candidat malheureux aux dernières sénatoriales, réalise ainsi un objectif pour lequel il s'est beaucoup préparé et dépensé. Autre habitué des compétitions électorales, Smaïl Mira, président de l'APC de Tazmalt et chef patriote, se voit à son tour élu député sous la bannière du RPR avec 4062 voix. Les faibles taux de participation, resserrant les seuils de décisions arithmétiques, ont généré des déceptions pour des listes dont les campagnes ont laissé croire en des issues autrement plus profitables. C'est le cas des listes indépendantes « Union », drivée par le syndicaliste A. Khoulalène et « Force du peuple » conduite par Dr Mansouri, chirurgien et gestionnaire de renom et actuel responsable du CHU de Tizi Ouzou. Enfin, le MDS, dans son aile engagée dans les élections, aura complètement raté sa sortie. La plus grande déception est peut-être celle ressentie par les candidats du mouvement des archs qui se donnaient comme de sérieux prétendants à l'élection et qui doivent désormais se résoudre à cette 14e place dans les suffrages (2081 voix) après avoir animé le mouvement de protestation le plus marquant depuis I'indépendance du pays. Reste cette donne constante de l'abstention. L'appel au boycott du FFS, qui s'est limité, en l'occurrence, à son énoncé et à une affiche placardée deux jours avant le scrutin, ne peut expliquer à lui seul les maigres 17,79 % de participation. Sur les 446 353 inscrits, seuls 79 423 ont jugé utile de voter, malgré la pléthore de listes proposées. Un vote pratiqué notamment dans les fiefs politiques pour les uns et tribaux pour d'autres. Pour rappel, lors des locales de novembre 2005 – élections populaires s'il en est – qui ont vu la participation du FFS et du RCD, la participation avait tourné autour des 31% seulement.