Le parti de Abdallah Djaballah, El Islah, passe par une phase très difficile. La démission, pas des moindres en ce début de semaine, de cinq membres du bureau national a créé un climat de tension et perturbé le fonctionnement des différentes institutions de cette formation. Selon certains observateurs, ce qui se passe actuellement au sein d'El Islah est presque identique au problème qui a secoué en 1998 le parti Ennahda. « Ils ont mené leur opération à quelques jours de la tenue du congrès. Ce qui nous amène à dire que des mains étrangères au parti veulent sa déstabilisation et veulent à travers un groupuscule imposer leur vision. En ce qui nous concerne, nous avons déjoué leur complot à temps », a soutenu M. Benkhelef, président du groupe parlementaire d'El Islah. Ce dernier ne nie pas que le problème au sein du parti est très complexe du fait que le président du conseil national du parti, M. Boulahia, a soutenu les rédacteurs de la lettre de démission adressée aux médias, alors qu'en réalité son poste ne lui permet pas d'agir de la sorte. « En sa qualité de président du conseil, il doit jouer le rôle d'arbitre pour réconcilier les deux parties en conflit et s'occuper du règlement des problèmes qui risquent de se poser dans les institutions exécutives et non pas soutenir un clan et d'être partie prenante du conflit », dira notre interlocuteur, qui ajoute que M. Boulahia a failli à sa mission et n'a pas respecté le règlement intérieur du parti. Le second point qui risque d'accentuer la crise porte sur la décision du vice-président de la commission de discipline d'adhérer au mouvement de protestation. « Normalement, celui-ci doit obéir et respecter le règlement intérieur du parti et être discipliné et non le contraire. Un tel conflit doit se régler au sein de l'institution », a affirmé M. Benkhelef, qui a indiqué que les cinq membres contestataires n'ont jamais déposé leur démission auprès du bureau national. « Nous avons appris par le biais de la presse leur démission du bureau. Ils n'ont à aucun moment fait allusion de quitter le bureau national et jusqu'à ce jour ils n'ont remis aucun document attestant leurs dires », dira le président du groupe parlementaire. Pour l'heure, aucune décision n'a été prise à l'égard des cinq. M. Benkhelef remet en cause toutes les accusations portées par ces derniers à l'encontre de M. Djaballah. « Les cinq ont demandé à voir M. Djaballah. Ce dernier a proposé une réunion de tous les membres. Un fait réfuté par les protestataires. En somme, les cinq veulent exercer une influence sur Djaballah afin qu'il change la ligne politique du parti. Une fois ce pas réalisé, Djaballah s'occupera de convaincre la base », dira notre interlocuteur, qui a indiqué que le groupe en question a un plan qu'il envisage de concrétiser avant la tenue du congrès prévue au mois de décembre prochain. « C'est un complot que nous avons déjoué au moment opportun », dira-t-il en tenant à préciser que M. Djaballah ne démissionnera pas de son poste de président.