Le recours à la justice ne semble pas recueillir l'unanimité parmi les frondeurs. «Nous sommes prêts à aller très loin, plus loin que ne l'imagine Abdallah Djaballah pour défendre nos droits», déclare sur fond de menaces M.Djahid Younsi secrétaire national chargé des relations politiques à El Islah et l'un des cinq membres démissionnaires du bureau national. Pour notre interlocuteur, «la parenthèse est loin d'être fermée». «Nous avons des preuves tangibles que le président du parti a falsifié ,jeudi, les signatures des membres du bureau national pour donner une légitimité à la mascarade organisée au siège du parti.» Des «preuves» qui seront certainement introduites dans la plainte que compte déposer le groupe des 5+2 contre le président d'El Islah. Le recours à la justice ne semble pas, selon des sources proches du parti, recueillir l'unanimité parmi les frondeurs. «On espère ne pas arriver à cette situation» précise Djahid Younsi, avant de préciser que «ça sera notre ultime recours». Au sein d'El Islah c'est le statu quo. Les contact entre les contestataires et la direction sont totalement rompus. «Il n'y a aucun sujet qui nous lie», précise M.Benkhellaf. «Actuellement nous nous attelons à appliquer les décisions du madjliss echoura». Les cinq membres du bureau national, le président du conseil consultatif, M.Mohamed Boulahia, et le président de la commission de discipline, tous destitués de leur fonction, «seront traduits dans les meilleurs délais devant le conseil de discipline». Une décision rejetée par les concernés qui ne se sentent pas touchés par les décisions du madjliss présidé par Djillali Boumediene. «Je suis toujours le président du conseil consultatif», nous déclare M.Mohamed Boulahia, qui rappelle par là même que les activités du bureau national sont gelées. M.Boulahia estime que la base est «avec nous». «Nous recevons quotidiennement des communiqués de soutien de nos militants à travers le territoire national.» Le même refrain est entonné par l'aile de Djaballah. Preuve en est, «les douze députés ayant signé le début du mois une motion de soutien aux contestataires se rétractent un par un». Hier, c'était le tour de Abou Bakr Salah, président de la commission chargée des affaires juridiques de revenir sur sa position. Contacté par nos soins la veille, ce dernier n'est pas allé par quatre chemins pour dénoncer le conseil consultatif tenu au siège en présence du chef du parti. « C'est un conseil illégal», ce qui explique que Abdallah Djaballah reprend bel et bien le contrôle sur sa formation après les soubresauts du Ramadan, et la vague éphémère de protestations.