Le potentiel algérien de la transformation du phosphate devrait s'enrichir de trois autres plateformes industrielles d'ici à l'horizon 2009. L'information gardée sous le sceau de la confidentialité vient d'être récemment révélée par une source crédible proche du secteur de la pétrochimie. Annaba : De notre bureau C'est dans la localité de Brahmia commune de Oued Fragha dans la wilaya de Guelma, que les 3 platformes de transformation du phosphate composant le complexe industriel, seront implantées. D'un coût de 5 milliards d'euros, elles devraient être opérationnelles en 2009. Ce projet a été rendu possible grâce à un partenariat entre le groupe algérien Ferphos spécialisé dans l'extraction, la production et la commercialisation du phosphate et de plusieurs sociétés étrangères d'Australie, d'Inde et du Pakistan avec une participation active de la Banque mondiale. Tout a été fait par la wilaya de Guelma en matière de mise à disposition du terrain d'assiette. D'une superficie globale de 589 hectares, ce terrain a été affecté aux initiateurs du projet qui comprend un complexe algéro-australien, un autre algéro-pakistanais et un 3ème algéro-indien. Très important tant au plan économique et social, ce projet intéresse également les Américains et les Japonais. Selon notre source qui a requis l'anonymat, les premiers interviendraient sous la casquette de la Banque mondiale alors que les Japonais le feront sous celle des Pakistanais. Important aussi à la lecture de la capacité de production globale qui devrait atteindre les 12 millions de tonnes/an. Matière première très disponible avec des réserves algériennes estimées à 2 milliards de tonnes, le phosphate proviendra principalement des mines de Djebel Onk dans la wilaya de Tébessa. Une production qui devrait multiplier presque par 10 celle actuelle qui n'a jamais dépassé le seuil de 1,5 million de tonnes /an. Tout a été minutieusement étudié pour permettre de rentabiliser rapidement ce potentiel. Y compris le transport du minerai avec la réhabilitation de la ligne ferroviaire Tébessa-Aïn M'lila. L'itinéraire ferroviaire qui comporte une nouvelle rocade comprend la ligne Djebel Onk (Tébessa), Aïn M'lila (Oum El Bouaghi), Khroub (Constantine) pour atteindre Bouchegouf à Guelma. Il alimentera la plateforme de Bouchegouf à raison de 15 à 16 trains/jour. La transformation de ce phosphate brut en acide phosphorique puis en engrais phosphatés, sera réalisée grâce au gaz naturel. Ce produit énergétique acheminé par gazoduc dont les travaux sont déjà lancés, approvisonnera la plateforme de Bouchegouf. En attendant l'homologation de ceux produits dans la localité de Outaya dans la wilaya de Biskra, les sels nécessaires à la transformation seront importés. Ils permettront la production d'extrait le potassium (K) nécessaire pour la formulation des engrais composés : Azote (N), Phosphore (P) et Potassium (K) (NPK). Particulièrement ce dernier engrais qualifié de produit hautement concurrentiel. Ainsi avec une production prévue de 12 millions de tonnes de phosphate brut, l'Algérie devancera la Tunisie avec 8 millions de tonnes/an. Mais elle restera loin des 28,5 millions de tonnes/an produites annuellement par le Maroc et des premiers producteurs mondiaux la Chine (30 millions) et les USA (35 millions). Le handicap des Algériens et quelque peu compensé par le coût de revient de la production, l'Algérie disposant de ressources gazières que n'ont pas les autres producteurs d'engrais composés NPK. Toute la production issue de ces trois nouveaux complexes de la plateforme de Bouchegouf, après celles de Annaba et Arzew, sera destinée à l‘exportation. Elle pourrait générer une entrée appréciable en devises estimées à 2,35 milliards de dollars/an. Autre acquis, l'Algérie devrait se positionner tout à fait en tête de la liste des leaders mondiaux de la production des engrais composés. Bien qu'extrêmement coûteux, ces engrais sont très demandés sur le marché mondial des produits pétrochimiques. Les activités des ports de Annaba s'enrichiront d'un flux global à l'import/export estimé à 15 millions de tonnes/an. Ce qui le propulsera au 2ème rang des ports industriels du pays avec la création de 1500 autres emplois. C'est en tous les cas ce que laissent entrevoir les études d'optimisation de l'implantation, l'affectation des sols, la détermination des flux et les études d'inputs confiées par Ferphos à l'institut supérieur d'optimisation des performances techniques industrielles et managériales des entreprises (OPTIME). En matière d'emploi, le projet de la plateforme industrielle de Bouchegouf est créateur de 1000 emplois directs et 5000 autres indirects sur toute l'étendue du territoire de la daïra de Bouchegouf.