Après l'abstention massive et « la fraude généralisée », les législatives 2007 livrent une autre particularité : la contestation générale des résultats. Le bureau de Boualem Bessaïh, président du Conseil constitutionnel, risque en effet d'être submergé par de nombreux recours émanant de la majorité des partis ayant pris part à cette élection. Les différentes formations politiques n'attendent que la proclamation aujourd'hui des résultats du scrutin par le Conseil constitutionnel pour user de leur droit de recours. Un droit consacré par la loi électorale 97-07, dans ses articles 117 et 118. L'article 118 stipule que « tout candidat ou parti politique participant aux élections a le droit de contester la régularité des opérations de vote en introduisant un recours par simple requête déposée au greffe du Conseil constitutionnel dans les 48 heures qui suivent la proclamation des résultats ». Le ton a été donné avant la fin du vote. La lettre adressée, jeudi après-midi, par la commission Bouchaïr au président de la République renseigne déjà sur le climat qui allait régner dans l'après-élection. Tous les partis ou presque se penchent, depuis vendredi dernier, sur la constitution des dossiers à soumettre à l'institution de Boualem Bessaïh. « Nous avons beaucoup de recours à introduire concernant des dépassements enregistrés dans différentes wilayas. » La régularité du scrutin contestée Cette phrase revient chez tous les responsables politiques que nous avons contactés hier. Le RCD, le PT, le FNA… Même les partis de l'Alliance présidentielle, en l'occurrence le FLN, le RND et le MSP, contestent la régularité de cette joute électorale. « Nous avons mis en place une commission de recours qui se penchera sur la collecte des preuves pour la constitution du dossier de recours. Nous allons le déposer dans les délais », affirme Mohcène Belabbas, chargé de la communication du RCD. Le RND et le FLN relèvent, de leur côté, des anomalies et des dépassements ayant faussé, selon eux, l'opération de vote dans plusieurs wilayas. Les responsables des deux partis confirment leur volonté d'introduire de nombreux recours. Ayant crié au scandale en accompagnant la lettre de la commission Bouchaïr, le MSP promet de « lever la voix devant le Conseil constitutionnel ». Lors d'une conférence de presse animée vendredi dernier, Boudjerra Soltani, président de ce parti, soutient que la fraude est généralisée et atteste qu'il soumettra au Conseil constitutionnel beaucoup de recours. Le Parti des travailleurs (PT), estime Ramdane Taâzibt, cadre du parti, a noté également beaucoup de dépassements. « Dans les wilayas de Tizi Ouzou, de Sétif, de Mascara, d'Oran… l'opération de vote ne s'est pas déroulée dans de bonnes conditions. Nous allons déposer beaucoup de recours », explique-t-il. Le PT n'exclut pas, selon lui, une éventuelle demande d'annulation des résultats du scrutin dans certaines wilayas. « Il s'agit des wilayas de Tizi Ouzou, de Sétif et les résultats de la commune de Tighennif (wilaya de Mascara) », précise-t-il. Le Front national algérien (FNA) appelle également à l'annulation des résultats de l'élection dans les wilayas de Blida, de Batna, d'El Tarf, d'Alger, de Médéa, de Djelfa, de Mostaganem, de Bouira et de Bordj Bou Arréridj. Dans une déclaration adressée aux membres du Conseil constitutionnel, la formation de Moussa Touati énumère tous les dépassements constatés. « En sus des pressions exercées par les ministres candidats sur l'administration, le FNA a noté également les dépassements commis pas des P/APC appartenant aux partis de l'Alliance ... », lit-on dans cette déclaration.