La proclamation lundi des résultats définitifs des législatives du 17 mai n'a pas donné lieu à une levée de boucliers contre le Conseil constitutionnel qui a avalisé, sans grande surprise, les résultats du scrutin. Hormis le PNSD, qui dénoncera l'« illégalité » de la décision prise par le Conseil constitutionnel de lui retirer ses deux sièges au Parlement, nombre de partis politiques, pourtant contestataires au départ, ont préféré adopter, hier, un profil bas et un ton mesuré, plutôt qu'une confrontation avec l'institution que préside Boualem Bessaïh qui pourrait s'avérer désastreuse. L'heure est donc à la prudence car les recours introduits auprès du Conseil constitutionnel ne seront tranchés qu'au début de la semaine prochaine. Ayant lui aussi fait les frais du Conseil constitutionnel, le MSP étonnera son monde par sa « plate » réaction. Tordant le cou aux démons de la fronde, cheikh Boudjerra Soltani se dit même « fier » du résultat final réalisé par son parti, quand bien même celui-ci eût à faire les frais du toilettage du Conseil constitutionnel qui avait décidé de lui ôter un siège au Parlement. Le chef de file du MSP ne lui tiendra pas rigueur pour autant, car, déclare-t-il, « nous avons confiance en cette institution ». Arrivé en troisième position dans le classement des législatives, le MSP, qui totalise actuellement 51 sièges, compte sur l'issue qui sera réservée à ses quatre recours pour améliorer son score. Même préoccupation au FLN. Selon ce parti, les résultats communiqués lundi par Bessaïh reflètent réellement le verdict des urnes. « Il n'y a pas de raison de douter du Conseil constitutionnel », estime Bouhadja, le chargé de la communication au parti. « C'est une institution indépendante », dit-il. Malgré une victoire franche, le FLN, qui a raflé, pour rappel, 136 sièges à l'Assemblée nationale, ne désespère pas d'en gagner davantage. Le FLN introduira plusieurs recours auprès du Conseil constitutionnel avant mercredi, annonce Bouhadja. Moins lisse à l'égard du Conseil constitutionnel, le secrétaire général du Front national algérien, Moussa Touati, estime qu'il est difficile de croire à la crédibilité de cette institution dès lors que son « président appartient au FLN ». Même bénéficiaire de deux sièges supplémentaires au Parlement à la faveur du lifting opéré par le Conseil constitutionnel, le patron du FNA se dit sceptique quant à la décision qui sera réservée par le conseil aux 12 requêtes déposées au niveau du greffe du conseil. « Difficile de rester optimiste », dit-il, puisque le trio FLN-RND-MSP, les « seuls bénéficiaires de ces élections, ne disposent d'aucune moralité politique ». Plus conciliant, le Parti des travailleurs développe un tout autre discours. Le secrétariat du parti trotskiste aime à considérer le scrutin comme une « victoire pour la nation », une « avancée dans le recouvrement des conditions normales d'exercice de la politique ». Pour ce qui est des cas de fraude « avérés », le parti de Louisa Hanoune considère qu'ils « doivent être traités avec la même impartialité par la CNISEL et par le Conseil constitutionnel ». Anticipant sur les événements, le PT pose comme préalable pour reconnaître les « futurs » résultats des recours que ceux-ci soient proches des résultats obtenus à Alger, où le PT est arrivé en seconde position avec 10 sièges en tout. Selon Djoudi, le chargé de communication au PT, sept recours ont été formulés par son parti, principalement au niveau de Tizi Ouzou, Mascara et Alger. Lors de son intervention d'avant-hier, le président du Conseil constitutionnel a confirmé la victoire des partis de l'Alliance présidentielle (FLN, RND et MSP) aux dernières législatives. Officiellement élu avec 35% de taux de participation, le nouveau Parlement entamera sa session inaugurale dimanche prochain.