Le mouvement Ennahda demande officiellement l'annulation des résultats des législatives de jeudi dernier et l'organisation d'un scrutin crédible et transparent. Selon Fateh Rebiaï, secrétaire général de ce parti, l'élection du 17 mai est entachée de « fraude » et de « graves dépassements » remettant en cause ses résultats. En attendant la proclamation officielle de ces résultats par le Conseil constitutionnel, Ennahda, indique-t-il, a préparé déjà ses recours. « Nous allons introduire des recours concernant des dépassements enregistrés dans 12 wilayas », déclare Fateh Rebiaï, lors d'une conférence de presse animée hier à Alger. Pour étayer ses dires, il affirme que les arguments avancés par la Commission nationale politique de surveillance des élections législatives (CNPSEL) sont fondés. En plus du bourrage des urnes avant même l'ouverture des bureaux de vote, l'orateur énumère plusieurs autres irrégularités ayant faussé l'opération du suffrage. Ennahda, qui décroche uniquement 5 sièges à l'APN, s'estime victime des dépassements relevés. Des dépassements qui, soutient l'orateur, ont été au profit de deux partis, en faisant allusion au FLN et au RND. Le chiffre de 35% de participation annoncé par le ministre de l'Intérieur, selon lui, est largement gonflé. « Le taux de participation ne dépasse pas les 20%. Plus de 80% des électeurs ne se sont pas rendus aux urnes », lance-t-il, en invitant les autorités à une étude sérieuse du phénomène de l'abstention. « Nous souhaitons que le pouvoir tire les vraies lectures de ce phénomène pour qu'il essaye de rectifier le tir avant qu'il ne soit trop tard », ajoute-t-il. Les raisons ayant poussé les citoyens à bouder les urnes, explique le patron d'Ennahda, sont multiples. « Les Algériens, souligne-t-il, ne croient plus à l'acte électoral et au changement par les urnes. » « Ils refusent aussi la démocratie de façade que le pouvoir veut imposer en verrouillant les champs politique et médiatique », ajoutera-t-il.