De moins d'une décennie d'existence, avant d'être reprise par l'office royal de télévision. Nessma TV est résolument la première par contre montée sur le modèle de programmation essentiellement porté par le succès fulgurant d'Endemol, producteur multinational de télé-réalité. L'éventail des programmes du groupe comprend, entre autres programmes, Star Academy, Enfants de la télé, Big Brother, etc. Dépendante en robinet d'images d'Endemol, Nessma TV, à l'instar de 25 autres diffuseurs dans le monde, est depuis cette mi-mai, en partie sous le pouvoir de la firme Mediaset. Le magnat italien Belusconi, ancien chef du gouvernement aussi, venant d'acheter Endemol au groupe espagnol Telefonica, par le biais de sa firme Mediaset. L'entreprise de droit tunisien Karoui et Karoui, propriétaire de Nessma TV a conçu l'aventure de la création de la chaîne d'une part sur sa proximité avec le pouvoir tunisien et la manne d'un approvisionnement en programmes de faible coût et capteur d'un marché publicitaire ouvert au Maghreb dans son ensemble. Voire des ambitions de rayonnement sur l'immigration nord africaine en France ; amis avec l'handicap de taille : ses satellites de transport Nile Sat et Arabsat n'arrosent pas cette contrée. Politiquement la chaîne ne présente aucun risque de contestation au régime tunisien : totalement fermée aux programmes d'information, elle n'apporte aucune concurrence à la télévision gouvernementale. Bien au contraire, par le « tout distraction » elle apporte dans le fond d'autres ressources de consolidation de l'unanimisme ambiant. Sa « nouveauté » dans le paysage audiovisuel maghrébin est réduite à ersatz de télévision privée. Depuis son lancement, à force renfort de stars de la région la machine – auto - proclamée « d'ouverture et de jeunesse » - s'est illustrée par un remake fade de la télé réalité Star Academy. L'usage d'un dialecte médian maghrébin participant à renforcer les caractéristiques d'une télé schwing gum ouverte en salle de spectacles non stop. Les genres de variétés alternent modèles occidentaux et orientaux, et en tendance lourde les clips de variété dite internationale. L'ambition est de ratisser très large les auditoires, comme sont souvent répétées sur l'antenne l'origine des jeunes en compétition, de même que promus des jeux de « vote » par origine. Ces jeux aussi largement mis en promotion dans la presse des pays cibles. Le tout est d'incruster dans les esprits juvéniles que cet écran là est le leur, quelque soit leur pays. Les concepteurs de ce modèle de programmation à module unique centrent leur stratégie de captation d'audience sur la fibre de captation par la communauté d'âge et de style de vie ; en faisant miroiter un idéal type. Dangereusement dans le fond actionné, la publicité aidant, par un consumérisme effréné en seul horizon de bien être.La reprise d'Endemol opérée par Berlusconi s'est effectuée en partenariat avec un fondateur du groupe, au prix de 2,63 milliards d'euros. C'est là un pic rare, selon les experts du domaine. En tout cas le rachat ouvre la haute main au magnat italien sur le plus gros conglomérat de production d'images. Cette nouvelle ressource lui sera aussi un puissant levier pour accroître sa part d'accaparation du marché publicitaire d'Italie. Il en est déjà à 65% de la cagnotte du secteur télévision. L'actuel chef du Gouvernement italien et son rival d'élection tente en vain, par un projet de loi, de réduire, par un seuil maximum autorisé, sa boulimie à 45%. Si Son Eminence Berlusconi, comme il aime à être appelé, est de fait le tout puissant chef d'orchestre des paysages télévisuels d'Italie et d'Espagne, il vient aussi, en effets collatéraux de son irrésistible ascension, le plus grand gourou des plans d'évasion par le rêve de la jeunesse d'Afrique du Nord. On ne peut mesurer son sourire de conquérant s'il entendait l'animatrice lançant Nessma TV, répétant encore que ses auditoires vont de « Tobrouk à Casablanca ». Même si ce segment est si infime dans son empire.