Pour la quatrième fois depuis 2004, la wilaya accueillera le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, pour une visite de travail de deux jours, à compter de demain. Ce déplacement intervient, comme on le sait, quelques jours après le fort taux d'abstention enregistré lors des dernières élections législatives (65%). Visiblement, les autorités locales veulent effacer ce point noir et offrir au président de la République un bain de foule exceptionnel, comme le démontrent les préparatifs en cours. Ainsi, tous les acteurs de la société ont été mis à rude épreuve pour susciter l'engouement et l'enthousiasme voulus. Au cours du prêche de vendredi dernier, les imams ont dans leur majorité appelé les citoyens à venir en masse accueillir l'hôte de la wilaya, tout en vantant « l'effort particulier de développement qu'il a consenti au profit de cette wilaya ». Hier, c'est un crieur public qui a sillonné la ville de Chlef pour annoncer officiellement la venue de Bouteflika et demander aux citoyens d'être au rendez-vous ce mardi, aussi bien à l'arrivée que le long de l'itinéraire qu'il aura à emprunter. L'on sait que cette tournée devra le mener dans treize communes sur les trente cinq que compte la wilaya, où il aura à inspecter et inaugurer une série de réalisations dans les différents secteurs. Certains des grands projets lancés ces dernières années, comme l'aéroport, la station d'épuration des eaux usées de la ville de Chlef, le pôle universitaire, le nouvel hôpital et le transfert des eaux du barrage pour le Nord, figurent au programme. Ceux-là, faut-il le signaler, viennent s'ajouter à l'élargissement de la route nationale du littoral ouest, la construction d'une nouvelle clinique médicale privée, la mise en place d'une station de dessalement à Ténès, la construction de quatre retenues collinaires, la réalisation d'un nouveau port de pêche à El Marsa et le réaménagement et l'extension du périmètre irrigué. Toutefois, pour ce qui est des deux derniers projets, la situation n'est guère reluisante : le premier connaît un retard considérable, alors que le second est à l'arrêt faute de ressources hydriques. L'autre opération d'envergure, en butte également aux lenteurs administratives et autres, est l'éradication de la grande plaie que représentent les habitations en préfabriqué réalisées il y a 27 ans, suite au violent séisme d'octobre 1980. Il faut dire que ni le soutien financier prévu au titre du plan de remplacement de ce type d'habitat, ni le projet de construction de trois villes nouvelles n'ont abouti à ce jour, pour des raisons qui restent inexpliquées. Quelle sera alors la réaction du président de la République face à cette situation ? Les Chélifiens attendent tout de même une réponse de Bouteflika à ce propos, à l'occasion de la visite qu'il doit effectuer ce mardi. « Nous espérons que le président de la République se penchera définitivement sur ce problème pour son éradication à jamais du paysage local », nous ont indiqué des occupants de ces logements en préfabriqué. D'autres citoyens insistent, pour leur part, sur l'amélioration de leurs conditions de vie, estimant que le faramineux budget de développement (150 milliards DA) accordé par le gouvernement à cette wilaya depuis 1999 n'a pas eu l'impact souhaité sur leur quotidien. Ils citeront notamment le mauvais état des routes et trottoirs, la clochardisation des villes et villages, la prolifération des mendiants et des malades mentaux, et la montée de la violence urbaine. L'aggravation des maux sociaux est certainement la conséquence directe de la crise d'emploi que vit la population, faute de projets d'investissement et d'activités économiques. Un chiffre qui en dit long à ce propos : pour 2006, il y a eu en tout et pour tout que 2800 offres d'emplois émanant pour la plupart du secteur public !