Une décision de justice jugée critiquable et c'est le branle-bas de combat à l'entreprise portuaire de Ghazaouet (EPG). Maharrar Mohamed, l'ex-P-dg, licencié pour « avoir quitté de son propre chef son poste en août 1996, sans informer le conseil d'administration auquel il était lié par contrat, abandonnant l'entreprise à son sort, sans se soucier des conséquences », comme l'indique le conseil syndical, vient d'être réhabilité : la justice ordonne sa réintégration et son indemnisation d'environ 700 millions de centimes qu'il vient d'encaisser. C'est d'ailleurs pour protester contre cette décision que les travailleurs ont observé une journée d'arrêt de travail. Loin de contester quoi que ce soit, cette réhabilitation génère beaucoup d'interrogations. D'abord, le tribunal de Ghazaouet a qualifié le licenciement de M. Maharrar d'abusif en se basant sur l'article 64 de la loi 90/11 qui ne s'applique en aucune manière à ce cas d'espèce, d'autant que M. Maharrar, qui bénéficie d'un régime spécifique, faisait l'objet de poursuites judiciaires dans le cadre d'une affaire concernant l'entreprise Eriad de Sidi Bel Abbès. Et quand éclate ce scandale, M. Maharrar a disparu. « Devant la rupture unilatérale de la relation de travail par M. Maharrar, lequel a failli à ses obligations de gestionnaire salarié principal, le conseil d'administration s'est concerté, dès novembre 1996, avec le holding services, pour une mesure conservatoire consistant en l'annulation des pouvoirs de l'ex-P-dg et la nomination d'un directeur général par intérim et ce, en application de l'article 12 des statuts de l'entreprise. » En décembre de la même année, le conseil d'administration mettra fin aux fonctions de M. Maharrar, conformément à l'article 640 du code du commerce. Selon des avocats de l'EPG, l'ex-P-dg avait accusé réception sans réserve de la notification de la décision de fin de fonction. Huit ans plus tard, que les travailleurs qualifient de « huit années d'absence irrégulière », M. Maharrar reparaît sur la scène, fort d'une décision de justice. Une décision qui suscite des questionnements et... de la colère. « La section sociale du tribunal de Ghazaouet, en date du 19 juillet 2004, a fait droit à ses demandes (M. Maharrar) et a condamné le conseil d'administration à procéder à sa réintégration au poste de P-dg et à lui payer une somme de près de 700 millions de centimes représentant l'ensemble des salaires, des primes et autres avantages (une période non travaillée) liés au poste de travail, depuis la date de son licenciement pour abandon de poste du 1er septembre 1996 au 1er mai 2004. Indignés, les travailleurs considèrent que cette décision judiciaire définitive a été prise « au mépris et en violation flagrante des dispositions contractuelles et de la législation du travail, de même qu'elle cause un préjudice financier considérable à l'entreprise, mettant en péril son avenir immédiat. » En conclusion, les travailleurs demandent aux hautes instances de l'Etat que « cette affaire soit revue dans le juste cadre de la loi. » Une affaire, il faut l'avouer, entourée de suspicion et de scepticisme...