Après les travailleurs, c'est au tour des cadres de l'entreprise portuaire de Ghazaouet (EPG) de réagir en dénonçant avec fermeté le début d'exécution d'une décision de justice prononcée au profit de l'ex-P-dg qui, rappelons-le, avait abandonné l'entreprise depuis juillet 1996 après avoir fait l'objet d'une procédure judiciaire dans une affaire de l'Eriad de Sidi Bel Abbès, en sa qualité de membre du conseil d'administration. Constatant son absence prolongée et donc l'abandon de poste, il lui a été automatiquement prononcé la rupture du contrat « dans le strict respect des dispositions réglementaires régissant les relations de travail de cette catégorie de gestionnaires. » Mais voilà que l'ex-P-dg se manifeste huit ans plus tard, c'est-à-dire le 24 mars 2004 pour... ester l'EPG en justice. Et surprenants rebondissements : la justice octroie au plaignant des salaires bruts avec primes et indemnités liés à la fonction pour une période non travaillée, soit près de 700 millions de centimes, et le droit de réintégrer son poste avec le même grade. Des privilèges inattendus qui provoquent une colère indicible au sein de l'entreprise. L'entreprise déstabilisée « C'est incroyable, cette célérité et cette partialité avec laquelle a été traitée cette affaire au niveau du tribunal social de Ghazaouet. Une décision de justice prise au mépris et en violation flagrante des dispositions contractuelles et de la législation du travail. C'est de la dilapidation de l'argent de l'entreprise par le recours à des voies extrajudiciaires, mais au nom de quelle loi ?? », s'interrogent les cadres. Le plus grave, selon les déclarations des protestataires qui se sont adressés aux autorités de l'Etat, c'est qu'« on a accédé à une demande de versement de salaires calculés par le plaignant sur une base erronée (SNMG évoluant d'année en année). On octroie également une partie variable du salaire dont le plaignant a lui-même fixé le taux, alors que celui-ci relève des prérogatives de l'assemblée générale laquelle n'a pas attribué de prime variable pour la période 1996-1997-1998 pour non-certification des bilans due à des réserves suspensives du commissaire aux comptes sur la gestion de l'ex-P-dg. Enfin, comment accepte-t-on une requête non fondée de quelqu'un qui a gardé le silence pendant quatre années après avoir reçu la notification de la décision de licenciement ?? » Autant dire que l'entreprise est déstabilisée par ce retournement de situation, surtout après les manifestations de l'huissier pour tenter de réintégrer à son poste l'ex-P-dg. Aujourd'hui, le collectif des cadres se déclare solidaire de la grève de protestation observée par les travailleurs de l'entreprise les 2 et 3 octobre de cette année et interpellent les pouvoirs publics et les responsables en charge du secteur portuaire. « Nous les interpellons pour agir pour la restitution du montant de 6 740 077,60 DA dilapidé du compte bancaire de notre entreprise et dénonçons les auteurs à l'origine de ce scandale judiciaire. Nous refusons l'exécution du deuxième commandement de la décision de justice qui consiste à réintégrer l'ex-P-dg à son poste d'origine... » En conclusion, les cadres reconnaissent que, « depuis le départ de l'ex-P-dg en 1996, l'entreprise a amorcé un redressement significatif sur tous les plans comme les bilans l'attestent. » Le feuilleton EPG livrera-t-il son dernier épisode de sitôt ?